Comment favoriser une alimentation équilibrée dans ma commune ? Trois «Communes en Santé» témoignent
L’alimentation joue un rôle déterminant dans la promotion de la santé et la prévention de différentes maladies, comme par exemple les maladies cardiométaboliques (1). Vous pouvez agir dans votre commune afin de faciliter les choix alimentaires favorables à la santé et leur accessibilité pour toutes et tous.
Une alimentation équilibrée et diversifiée influence le bien-être physique et mental et contribue à réduire les risques liés au développement de maladies cardio-vasculaires, de certains cancers, de l’ostéoporose, du diabète, du surpoids et de l’obésité. Les recommandations de la pyramide alimentaire suisse fournit une base pour une alimentation équilibrée et variée.
Selon ses recommandations, il est conseillé de consommer les aliments dans une juste proportion : les aliments des étages inférieurs sont nécessaires au corps en plus grande quantité que ceux des étages supérieurs. Quant à la taille d’une portion, elle dépend du besoin énergétique de la personne qui est déterminé par sa taille, son sexe, son âge et sa pratique d’activité physique.
Toutefois, les environnements politique (exemple : législation sur un étiquetage compréhensible des aliments ou sur le marketing alimentaire ciblant les enfants) et économique (exemple : tarification différenciée des aliments sains et des aliments riches en sucre, sel et matières grasses) sont déterminants pour favoriser une alimentation équilibrée à large échelle dans la population. De façon plus localisée, dans les quartiers par exemple, l’environnement physique est également concerné (exemple : accessibilité dans les quartiers d’une offre alimentaire équilibrée).
Est-ce qu’une commune peut agir pour favoriser une alimentation équilibrée sur son territoire ? Comment peut-elle s’y prendre, par où commencer, et pour quelles raisons ?
Explorons la question à travers 3 mesures mises en œuvre par les communes récemment labellisées «Commune en Santé».
Plan de restauration collective durable, Ville de Lausanne
La labellisation «Commune en Santé» de la Ville de Lausanne, 1ère ville de plus de 100'000 habitant·e·s à obtenir le label, a permis de valoriser les actions menées pour bien remplir l’assiette de sa population. Son plan de restauration collective durable (RCD) encourage, entre autres objectifs, une alimentation équilibrée et de proximité. Ce plan se compose de différentes mesures : un suivi de la qualité nutritionnelle via les labels Fourchette verte (voir encadré) et Nutrimenu (tous deux utilisés dans les centres de vie enfantine, réfectoires scolaires et accueils périscolaires,), et l’initiative APEMS bon goût pour les collations saines et de proximité dans les APEMS (Accueil Pour Enfants en Milieu Scolaire).
De plus, le plan RCD applique la moitié de ses repas hebdomadaires en végétarien et offre à l’ensemble de ses cuisinier·ière·s une formation continue en termes de qualité nutritionnelle et cuisine végétarienne. Finalement, cette approche ne saurait être complète sans intégrer également une formation pour le personnel encadrant les repas des enfants, sur laquelle la Ville de Lausanne est en cours de travail. Appliquer de telles politiques communales permet de développer des environnements de vie favorables à l’alimentation équilibrée.
Fourchette verte junior et Fourchette verte des tout-petits
Fourchette verte vise à promouvoir une alimentation équilibrée consommée dans un environnement sain. Les déclinaisons junior et tout-petits sont destinées aux restaurants scolaires, accueils pour élèves, crèches et garderies. Leur but est d’offrir une alimentation équilibrée et adaptée aux enfants, selon les recommandations de la Société Suisse de Nutrition.
Des diététicien·ne·s sont à disposition pour accompagner les établissements dans le processus de labellisation et pour animer un atelier pour les enfants tout en transmettant les informations aux parents, aux équipes éducatives ou encore aux personnels des cuisines.
En 2021, environ 320 structures ont été labellisées dans le canton de Vaud (plus de 1'000 en Suisse), dont environ 250 avec les déclinaisons junior et tout-petits.
Contactez-nous au : tél 021 545 10 16
vd@fourchetteverte.ch
https://www.fourchetteverte.ch/
Jardins en permaculture
Commune du Mont-sur-Lausanne
Labellisée «Commune en Santé» en mai dernier, Le Mont-sur-Lausanne agit dans le domaine de l’alimentation en soutenant une initiative portée par plusieurs générations : des professeur·e·s, des élèves, des aîné·e·s et des représentant·e·s de la Commune. Le projet est de réaliser et d’entretenir un jardin en permaculture. Cela consiste à utiliser des pratiques durables pour favoriser la création d’écosystèmes, le maintien de la biodiversité, de répondre aux enjeux actuels du changement climatique et de sensibiliser les générations futures à cette thématique. Mais surtout, le jardinage est un excellent moyen d’être en lien direct avec l’alimentation, d’apprécier la saveur des produits frais et locaux, d’être sensibilisé·e·s au cycle de vie des fruits et légumes, et en plus, de pratiquer une activité physique. Ce projet a été construit à plusieurs mains, en faisant se rencontrer des âges, des regards, des usages différents. C’est aussi ça la promotion de la santé, inclure les habitant·e·s comme acteur de sa commune, pour qu’elle soit en forme !
«Groupe d’achat bio», commune de Tévenon
Tévenon, 2ème commune de moins de 1000 habitant·e·s à recevoir le label «Commune en santé», œuvre également pour une alimentation santé pour ses habitant·e·s. Grâce à son initiative «Groupe d’achat bio», la commune permet aux habitant·e·s d’avoir accès à des produits issus de l’agriculture biologique locale à un tarif préférentiel. Tout en diminuant les déchets, l’alimentation équilibrée et diversifiée est au cœur des préoccupations comme facteur de santé. Cette action a donc le mérite de faire le lien entre alimentation, agriculture et commerce de proximité pour tout public, y compris les plus défavorisés.
A travers ces exemples, nous avons vu que les communes regorgent d’idées innovantes pour agir en faveur d’une alimentation équilibrée pour leurs concitoyen·ne·s. Le label «Commune en Santé» leur a permis de valoriser la question de l’alimentation et de développer ce facteur essentiel pour une bonne santé pour tout·e·s.
1 Un risque cardiométabolique est le risque de souffrir, à plus ou moins long terme, d’une maladie cardiovasculaire et/ou d’un diabète (Hôpitaux de Paris, 2021).
2https://mangerbouger.promotionsantevaud.ch/recommandation/adulte-manger-mieux/
Unisanté - Département Promotion de la Santé et Préventions (DPSP)
Nous avons posé une question à…
Lausanne
Q : Comment avez-vous construit et réalisé votre plan de restauration collective durable (RCD) ?
R : Depuis 2014, le plan RCD adopté par les autorités lausannoises, intègre une approche systémique liée aux principaux enjeux de l’alimentation. Cette politique publique s’articule autour d’une volonté d’approvisionnement à 60% de proximité, 70% suisses et 60 % d’achats labellisés, dont 15% bio. Les objectifs de qualité nutritionnelle décrits ci-dessus sont notamment complétés par une subvention supplémentaire des repas de 0.40 ct prélevés sur le Fond communal pour le développement durable.
Mont-sur-Lausanne
Q : Comment avez-vous créée la dynamique participative entre plusieurs générations pour la mesure «Jardins en permaculture» ?
R : C’est une collaboration entre un enseignant très engagé sur la question de la durabilité, les animateur·trice·s et les jeunes de notre centre de loisirs, l’espace YOLO, et les aîné·e·s qui participent au projet Quartiers solidaires qui a permis de concrétiser cette action intergénérationnelle. La thématique en elle-même était porteuse, les jeunes comme les aîné·e·s s’intéressent de plus en plus à la question de l’environnement. Les seniors de Quartiers solidaires ont par exemple créé un groupe de travail biodiversité qu’il était possible de mobiliser avec les jeunes. De plus, le fait que ces groupes ont bénéficié des compétences d’animateur·trice·s socioculturel·le·s a été précieux pour coordonner et concrétiser ce projet.
Tévenon
Q : Quels conseils donneriez-vous à une autre commune qui souhaiterait mettre en place l’initiative «Groupe d’achat bio»?
R : Etablir une relation de confiance avec les producteurs locaux et regrouper les familles, fonctionner sur un engagement bénévole pour récolte, préparation et distribution des commandes, disposer de la gratuité de l’espace nécessaire. La commune met gracieusement un local à notre disposition, ce qui est un avantage supplémentaire.
Plus d'informations
Site internet
Pour obtenir plus d’information sur les actions que peuvent mener une commune dans la promotion d’une alimentation équilibrée :
- Page thématique alimentation du site environnements favorables à la santé
- Page label commune en santé > répertoire mesures > thématique alimentation
Pour obtenir plus d’informations sur le label :
Contact
Notre mission est d’accompagner les communes à promouvoir la santé sur leur territoire. C’est avec plaisir que nous sommes à votre disposition pour réaliser ce travail.
Unisanté, département Promotion de la santé et préventions
Route de Berne 113 – 1010 Lausanne
Tél. 021 545 19 10 – communes@unisante.ch