La politique sociale face à ses responsabilités
Il y a des réalités sociales que l’on croyait définitivement appartenir au passé dans notre pays. La pauvreté en faisait partie.
Ainsi, alors qu’il y a 70 ans, lors de la Grande Dépression économique des années 1930, environ un cinquième de la population suisse dépendait de l’aide publique et de la charité privée distribuées aux pauvres, ce phénomène a presque complètement disparu pendant les décennies qui suivaient la fin de la Deuxième Guerre mondiale.
Aujourd’hui, après une bonne dizaine d’années de crise, la préoccupation générale de perdre son emploi et de «tomber» au chômage s’accompagne désormais constamment de l’inquiétude de se retrouver à l’aide sociale. En effet, pour de nombreuses personnes l’inscription auprès d’un Centre social régional (CSR) du canton est la suite logique du chômage.
Les décisions de la Confédération qui a réduit récemment les indemnités de 520 à 400 jours pour les chômeurs vaudois de moins de 50 ans renforcent cette tendance. Pas moins de 20’000 personnes ont été suivies par des CSR en 2006.
Face à cette situation, les moyens d’action du canton et des communes, des régions d’action sociale (RAS) – représentant les communes – et des autorités d’application du Revenu d’insertion (RI) que sont les CSR apparaissent limités à première vue. En effet, sans reprise économique, sans création d’emplois et sans amélioration des conditions salariales, par exemple par la généralisation des salaires minimaux négociés entre patronat et syndicats, l’aide sociale continuera à être fortement sollicitée. Toutefois, malgré ce constat, le Conseil d’Etat est déterminé à utiliser tous les instruments qui sont à sa disposition pour affronter le défi que constitue l’accroissement de la pauvreté dans notre canton. Dans cette perspective, la collaboration active avec les communes et leur soutien apparaissent indispensables.
Pierre-Yves Maillard,
Conseiller d'Etat, chef du Département de la santé de de l'action sociale