Stives Morand nous raconte ses débuts de préfet dans le "Nord"
Entré en fonction en janvier dernier, Stives Morand partage ses premières impressions à son poste de préfet et répond à quelques-unes de nos questions.
Originaire de la commune du Chenit, vous êtes né en 1965 et vous êtes père de deux jeunes adultes. Technicien en mécanique de formation, vous avez repris l’entreprise familiale, un garage situé à L’Orient dans la Vallée de Joux, en parallèle de votre fonction de député du sous-arrondissement de La Vallée. Vous avez ensuite œuvré au sein de l’Exécutif du Chenit comme municipal puis comme syndic.
Conseiller communal, député, municipal, syndic et maintenant préfet, on dirait que la politique est une passion chez vous ?
Vous avez raison. En 1998 des personnalités politiques de la Vallée de Joux m’ont motivé pour que je m’inscrive sur la liste « des jeunes Radicaux » pour le Conseil National. Fort de mes réflexions que je décris plus bas, cela m’a permis d’arpenter le canton en long et en large durant toute la campagne pour les élections fédérales. Cette période a été un élément déclencheur pour moi. Le virus de la politique était en moi et il ne m’a plus jamais quitté.
Ce n’est pas aussi une façon de faire comme « papa » ?
Faire comme papa n’a jamais été pour moi un but en soi, mais oui, il m’a sensibilisé à la cause publique et au dévouement. Mon père terminait alors douze ans de municipalité et plus de vingt ans au conseil communal. Il m’a encouragé à me lancer et je lui en serai toujours reconnaissant. J’ai été élu au conseil communal en décembre 1989, j’avais alors 24 ans et je venais de terminer mes études. Ce 1er janvier 1990 a été le début d’une nouvelle passion après celle des avions. Et ce n’est pas fini fort heureusement !
A ce propos, comment avez-vous réussi à conjuguer vie privée, vie professionnelle et carrière politique ?
Vu de l’extérieur, on passe pour des extraterrestres. Mais en réalité c’est grâce au soutien familial et à un travail personnel acharné. C’est un peu comme au hockey sur glace, il y a trois tiers temps matin, après-midi et soirée. J'utilisais aussi le samedi matin parce que j’étais seul au bureau ce qui me permettait d’avancer. Sans mon épouse qui a été très investie pour la famille, je n’y serai pas arrivé. Et lorsque les enfants sont allés à l’école, elle a travaillé avec moi dans l’entreprise. Il est vrai que je n’ai pas vraiment vu mes enfants grandir, et j’essaie de me rattraper maintenant en les soutenant pour leurs études et la vie de tous les jours. Je peux dire que c’était un travail d’équipe avec mes employés qui ont dû également prendre des responsabilités pas forcément souhaitées.
A travers votre parcours, on voit que vous avez un fort attachement à votre région et à votre district. Est-ce que vous pouvez nous donner les quatre qualificatifs qui lui correspondent le mieux ?
Les mauvaises langues disent que si on veut boire un verre avec un Combier, il faut amener la bouteille, ce n’est pas tout à fait ça, mais il est vrai que nous avons besoin d’être apprivoisé. Pour le district en général je dirai que ses habitants sont très attachants, diversifiés, amicaux, parfois têtus, et souvent entreprenants.
Du plateau aux sommets du Jura, du lac de Neuchâtel situé à l’est du district, aux trois lacs de la Vallée de Joux tout à l’ouest, la diversité des paysages et de ses habitants est riche. Doté de communes de moins de 200 habitants et d’une frisant les 30'000 habitants, la vision ainsi que les besoins sont parfois antagonistes. Souvent entreprenants et têtus, ses habitants s’identifient à leur coin de pays et le défendent passionnément. Parfois, l’entêtement est de mise et peut être déstabilisant pour l’étranger (ou le nouveau préfet), mais rapidement le dialogue s’installe et permet d’avancer. Et je tiens à souligner qu’il n’est pas toujours nécessaire d’amener une bouteille pour arriver à ses fins, même à la Vallée de Joux.
Ces traits vous correspondent-ils ?
Parfois j’entendais dire que les Combiers ont un horizon limité dans leur Vallée et que cela se ressent sur leur manière de penser. Il est vrai que là-haut nous sommes suffisamment loin de la capitale pour nous débrouiller seul quand cela nous arrange et suffisamment proche lorsque nous avons besoin d’elle.
Ces commentaires m’ont toujours poussé à prouver le contraire. Ainsi, dès mes études terminées, j’ai eu la chance de travailler pour Swissair. Cela m’a permis de beaucoup voyager et d’ouvrir mes horizons ; mes collines et villages de mon enfance ont été remplacées par des déserts et des mégapoles. J’ai ainsi pu côtoyer beaucoup de collègues provenant d’une multitude de pays différents, découvrant des mentalités, des cultures et des valeurs différentes des nôtres. Pour beaucoup mon accent bien Combier les amusait. C’est cette curiosité d’aller vers les autres, de les connaître ainsi que de partager nos connaissances dans un but commun qui m’ont probablement fait aimer la politique.
L'instantané de Stives Morand
Être un bon préfet c’est...
- Sortir régulièrement de son bureau et être présent dans le terrain
- Savoir écouter, comprendre et parfois déchiffrer
- Savoir se positionner
- Ne pas procrastiner
Être un bon préfet ça rend...
- Réaliste
- Humain
- Consensuel
- Bienveillant
Une visite de commune dans le Nord vaudois, c’est...
- Passionnant
- Riche en échanges
- Diversifié
- Intensif (73 communes et plus d’une vingtaine d’associations à deux)
- Chronophage
Partager votre travail avec un deuxième préfet...
- C’est la complémentarité
- On gagne du temps
- C’est nécessaire pour le Jura-Nord vaudois
Vous avez eu une séance compliquée avec une commune ou en conciliation, par quoi commencez-vous pour vous détendre ?
J’écoute de la musique. Je choisis le style en fonction de mon état d’esprit du moment, ainsi elle m’apaise ou me stimule, c’est selon.
Une citation particulière que vous aimez ?
J’aime la citation de Victor Hugo qui dit ceci « l’esprit s’enrichit de ce qu’il reçoit, le cœur de ce qu’il donne ». Cette phrase est mon fil rouge dans la vie.
Et pour finir…. Votre mot ou expression du lexique vaudois préféré ?
« Je suis déçu en bien » cette expression est tellement représentative du caractère vaudois qui exprime que rarement sont enthousiasme. Dire tout simplement je suis satisfait, heureux ou content, c’est se dévoiler. Pour être heureux restons caché.
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