Contre la pénurie, la formation !

Les secteurs qui pâtissent d’une pénurie de main-d’œuvre qualifiée sont nombreux. Quelles stratégies l’Etat peut-il développer afin que non seulement les entreprises, mais aussi les secteurs qui dépendent de lui puissent trouver des solutions ?

Frédéric Borloz, conseiller d'Etat Frédéric Borloz, conseiller d'Etat
Publié le 09 septembre 2024

La question de la pénurie de main-d’œuvre qualifiée hante les discussions entre responsables politiques et chefs d’entreprise. Les administrations, cantonales mais aussi communales, ne sont pas épargnées. Les médias la resassent à intervalles réguliers. Comment repourvoir les postes laissés vacants par les baby-boomers qui, en rangs serrés, se retirent progressivement du monde du travail ? 

La question possède une dimension paradoxale. Il n’y pas si longtemps, la pénurie qui inquiétait était plutôt celle de l’obsolescence, que l’on jugeait programmée, du travail humain. Nous étions considérés comme incapables de rivaliser avec les performances sans cesse grandissantes de l’intelligence artificielle et de la robotisation. Il est vrai que tous les métiers ne souffrent pas au même degré de la pénurie de personnel et que la technologie va entraîner une reconfiguration du travail humain. 

Il n’empêche : nombreuses sont les professions en quête d’une relève qui peine à se profiler, rebutée tantôt par les conditions de travail en vigueur dans le secteur concerné, tantôt par des niveaux de salaire considérés comme trop bas, tantôt par le niveau de compétence exigé.  

Nous avons longtemps pu compter sur une immigration abondante, source de gros contingents de travailleuses et de travailleurs formés sous d’autres cieux et désireux d’offrir leurs compétences à nos entreprises et à notre secteur public. Mais ce vivier n’est pas inépuisable : la France voisine se plaint parfois de l’attractivité trop forte de notre région, qui aspire ses forces vives. 

D’autres pistes doivent être explorées, comme le travail féminin dans les métiers où il est moins répandu, mais il est tributaire de conditions de travail adéquates, ou le recours tant aux séniors qu’aux migrants déjà installés en Suisse. Le Canton planche sur ces questions. 

Mais la formation, professionnelle ou académique, doit jouer un rôle essentiel. Notre petit pays ne peut se permettre de galvauder ses talents. Une bonne orientation des jeunes arrivés en fin de scolarité est indispensable, afin qu’ils ne se fourvoient pas dans des disciplines qui ne les satisfont pas : il faut les aider à bien choisir le métier qu’ils souhaitent faire.  

Il s’agit aussi rendre certains métiers plus séduisants, non seulement sur le plan salarial, mais aussi sur le plan des conditions de travail.  C’est tout l’enjeu du projet InvestPro destiné à soutenir la relève et renforcer l'attractivité des professions de santé. Mais tous les métiers doivent repenser leurs modalités en fonction des attentes de la société.  

La lutte contre la pénurie passera assurément par une revalorisation de l’apprentissage qui offre des débouchés dans quasiment tous les métiers où le manque se fait sentir, mais aussi par la formation continue et l’accompagnement des personnes mues par l’envie de réorienter leur trajectoire professionnelle. 


Frédéric Borloz,
Chef du Département de l’enseignement et de la formation professionnelle