Les hautes écoles vaudoises en action contre les pénuries

Alors que la main-d'œuvre qualifiée manque ou manquera bientôt dans certains domaines, le Canton et les hautes écoles travaillent de concert pour créer des places de formation et encourager la relève. Tour d’horizon des mesures déjà prises et des stratégies mises en place pour relever ces défis dans plusieurs secteurs clés.

Pose de la première pierre du Campus santé le 6 juin 2024 (photo: J.-B. Sieber / ARC) Pose de la première pierre du Campus santé le 6 juin 2024 (photo: J.-B. Sieber / ARC)
Publié le 09 septembre 2024

Les effectifs des hautes écoles sont encore pour la plupart dans une dynamique croissante. Toutefois, certains domaines en situation ou risque de pénurie doivent à court terme attirer plus de jeunes dans leurs filières pour que davantage de personnes formées soient disponibles sur le marché du travail. C’est le cas en particulier dans les métiers du travail social, de la santé, du numérique, de l’ingénierie, de la durabilité et de la transition énergétique, ou encore de l’enseignement. Les institutions de formation ainsi que le Canton prennent diverses mesures pour prévenir, voire pallier ces pénuries. 

En travail social 

Les professionnelles et professionnels du travail social sont essentiels à la cohésion et au mieux-être de l’ensemble de notre société. Lors des Assises du social qui ont eu lieu en novembre 2023 à Lausanne, la valorisation de ces métiers a été discutée et des pistes d’amélioration proposées – comprenant notamment 15 millions de revalorisation salariale. Du côté de la formation, le défi consiste à trouver un équilibre pour répondre aux attentes et former davantage de personnes, mais également pour répondre à l’évolution du métier et mettre sur pied des formations continues qui offrent les ressources nécessaires pour assumer des tâches toujours plus complexes. La haute école de travail social et de la santé Lausanne (HETSL) délivre chaque année près de 180 diplômes. S’il est prévu d’augmenter le nombre de diplômes octroyés au cours des prochaines années, cela doit se faire en veillant à la complémentarité entre les formations de niveau HES, ES et CFC dans ce domaine pour constituer des équipes équilibrées sur le terrain. 

Dans la santé et en soins infirmiers  

Les autorités sont pleinement actives dans la mise en œuvre du premier volet de l’initiative fédérale sur les soins infirmiers consacré à l’effort de formation. Le projet InvestPro, adopté  par le Grand Conseil, dépasse le cadre de la mise en œuvre de l’initiative, puisqu’il s’agit de faire face à la problématique globale de pénurie de personnel qualifié dans le domaine des soins et de la santé. Des mesures sont élaborées non seulement pour former davantage, mais aussi inciter plus de jeunes à choisir ce domaine pour se former, au sein de la Haute école de santé Vaud (HESAV) et de l’Institut et Haute Ecole de la Santé La Source, soutenir les personnes vers la certification – notamment grâce à des subsides – et accompagner les personnes en exercice. Ce projet anticipe également pour partie la mise en œuvre du second volet de l’initiative, consacré à la valorisation et à la lutte contre la pénibilité de ces professions.

Sur la commune de Chavannes-près-Renens, à la Bourdonnette, la première pierre du chantier du Campus santé a été posée en juin 2024. L’ouverture de ce nouveau campus, prévue pour la rentrée 2026, représentera un événement majeur pour le domaine de la santé dans le canton de Vaud. Il permettra de réunir dans un nouveau bâtiment toutes les filières de HESAV. De plus, il mettra à disposition un Centre coordonné de compétence cliniques (C4), doté de technologies de pointe, dédié à la formation initiale et continue (partenariat HESAV, La Source, Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) et Université de Lausanne (UNIL)). Un troisième bâtiment sera consacré sur ce même site au logement étudiant et un quatrième à l’accueil d’une extension de la HEP Vaud. Le Campus santé représentera non seulement un fleuron technologique, mais également un espace au sein duquel les relations entre les acteurs et actrices de la santé sont exercées et approfondies, afin de mieux faire face sur le terrain aux problématiques de soins complexes qui sont l’apanage d’une société vieillissante telle que la nôtre.

Dans les domaines du numérique et de l’ingénierie, de la durabilité et de la transition énergétique 

Concernant la pénurie dans les domaines du numérique, une étude a été menée sur mandat conjoint du Département de l’enseignement et de la formation professionnelle (DEF) et du Département de l’économie, de l’innovation, de l’emploi et du patrimoine (DEIEP) par ALP-ICT afin d’une part identifier l’adéquation entre l’offre de formation et les besoins du terrain, et d’autre part proposer des pistes d’action. Parmi les résultats de cette étude, communiqués en octobre 2023 à Yverdon-les-Bains dans les locaux de la Haute école de gestion et d’ingénierie du canton de Vaud (HEIG-VD), on constate que les formations proposées dans le canton sont adaptées aux besoins du marché et représentent un tissu serré et varié à tous les niveaux, de la formation professionnelle initiale aux hautes écoles. Plusieurs pistes d’action sont à suivre : renforcer le partenariat entre secteurs public et privé, poursuivre l’éducation numérique dans les écoles vaudoises, promouvoir les matières MINT (mathématiques, informatique, sciences naturelles et techniques) et valoriser la formation professionnelle. La pénurie s’avère plutôt quantitative et transversale : il s’agit d’enthousiasmer les jeunes générations pour l’ensemble de cursus et métiers.  

A cet effet, début 2024, une première édition du Salon MINT à Ecublens, pensé pour les enfants de 5H à 8H, a remporté un franc succès tant auprès des classes que des familles. Les activités proposées visaient à susciter curiosité et vocation auprès des plus jeunes – et surtout auprès des jeunes filles, qui sont minoritaires dans les domaines MINT. Fort de cette expérience positive, réalisée en collaboration avec les hautes écoles (UNIL, EPFL, HEIG-VD) et la chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI), le DEF a décidé qu’elle serait rééditée en février 2025 et 2026.  

Concernant les domaines de la durabilité et de la transition énergétique, des travaux sont en cours afin d’objectiver les données, à l’image de la démarche conduite pour le numérique.

Pour l’enseignement 

La pénurie d’enseignantes et d’enseignants n’est pas avérée dans le canton de Vaud, qui a jusqu’ici pu répondre aux besoins. Toutefois, la situation dans d’autres cantons – plus particulièrement en Suisse alémanique – s’avère critique à chaque rentrée scolaire. La haute école pédagogique de notre canton (HEP Vaud) a donc pris les devants, notamment avec de nouvelles propositions de formation. En septembre 2023, le lancement d’un nouveau cursus de bachelor pour l’enseignement en secondaire I à quatre disciplines, en collaboration entre la HEP Vaud et l’UNIL, a connu un bel engouement qui se confirme à la rentrée 2024 et offre une perspective réjouissante en termes de personnel.  

Enfin, la croissance souhaitée et attendue des institutions de formation doit être accompagnée par la révision de certains cadres légaux. Par exemple, la révision de la loi sur la haute école pédagogique (LHEP) est en consultation jusqu’à la fin de cette année. Elle permettra d’adapter la gouvernance d’une institution dont la loi cadre a été mise en place en 2007, alors que son effectif était de 800 personnes – pour un effectif projeté à 4500 personnes à l’horizon 2040.

Des domaines divers, un effort commun 

A l’évidence, il faut des professionnelles et professionnels formés à tous les niveaux pour répondre aux besoins de notre société. Dans leurs domaines de compétences, les hautes écoles de notre canton mettent tout en œuvre pour remplir leurs missions d’enseignement, de recherche et de service à la société – d’autant plus cruciales quand les métiers auxquels elles forment se trouvent en situation de pénurie. Que leurs efforts – ainsi que ceux des différents services de l’Etat impliqués et des communes qui accueillent ces entités – soient ici salués : ils sont dédiés au bon fonctionnement et au bien-être de l’ensemble des personnes qui vivent dans toutes les communes du Canton.


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