Comment inclure l’ensemble des jeunes dans les politiques locales ?
Promouvoir l’égalité et prévenir les violences entre jeunes n’est plus une option. Il en va de la responsabilité des collectivités publiques. L’aménagement du territoire, les centres de jeunes, l’animation socioculturelle ou encore l’implication des enfants et des adolescent·e·s dans la conception et la mise en œuvre des projets communaux façonnent une partie de leur quotidien. Les communes sont donc en première ligne pour créer des environnements ouverts, accueillants et protecteurs.

Une diversité de jeunes
Les jeunesses sont multiples. « Il n’y a pas une seule jeunesse, il existe une diversité de vécus, d’identités, de situations de vulnérabilité et de besoins : des jeunes qui étudient, d’autres qui travaillent ; des filles, des garçons, des jeunes qui ne se reconnaissent pas dans ces catégories ; des jeunes en situation de handicap ; issue·s de la migration ; des jeunes très entouré·es, d’autres isolé·es», comme l’a rappelé le Conseiller d’Etat à la jeunesse, Vassilis Venizelos, lors de la 12e édition de la Plateforme intercommunale sur le soutien aux activités de jeunesse, PICSAJ, le 12 novembre dernier, consacrée au thème : « Et si on parlait respect avec les jeunes ?».
Les jeunes qui ne correspondent pas pleinement aux injonctions dominantes sont davantage exposé·es aux discriminations et aux violences. « Or, il n’y a rien de plus vulnérable qu’un·e jeune qui ne trouve pas sa place », a souligné le Conseiller d’Etat.
Avoir un rôle à jouer dans son environnement signifie : « Ici, je compte, ici, j’ai ma place ». C’est précisément ce que le Canton et les communes peuvent offrir lorsqu’ils élaborent leurs politiques en concertation avec les jeunes, et non uniquement à leur intention.
Construire des environnements de confiance pour prévenir les violences
La prévention des violences nécessite d’agir sur tous les fronts. Les violences visibles telles que les insultes, les bagarres, ou les agressions, laissent des traces durables. Toutefois les formes de violences moins apparentes, telles que les abus sexuels, le harcèlement ou les violences domestiques, se révèlent également destructrices.
Pour briser ces dynamiques, il est essentiel d’offrir aux jeunes, le plus tôt possible, les moyens de comprendre ce qu’est une relation saine, respectueuse et équilibrée. Cela implique de créer des espaces d’écoute et de dialogue, où la coopération prime sur la domination.
Il n’y a pas une seule jeunesse, il existe une diversité de vécus, d’identités, de situations de vulnérabilité et de besoins.
Quand les communes innovent : deux exemples inspirants parmi beaucoup d’autres
Épalinges : reconquérir l’espace par l’aventure
Le centre d’animation socioculturelle Palinzard peinait à attirer les adolescentes. Les « moments filles » n’avaient jamais vraiment pris, car beaucoup d’entre elles ne voulaient pas « prendre la place » des garçons. Le déclic est venu d’une idée simple : la sortie des aventurières.
Une sortie en nature, non mixte, où l’on grimpe, glisse, tombe dans l’eau, allume un feu, fait griller des marshmallows… mais surtout, où l’on apprend à s’entraider.
Hors du centre et des codes sociaux habituels, les rôles se redistribuent et d’autres liens se tissent. Cette démarche, simple et peu coûteuse, a redonné confiance aux jeunes filles, qui sont revenues au centre avec l’envie de raconter leur aventure et de prendre pleinement leur place.
Petit à petit, grâce à cette initiative et à d’autres actions menées en parallèle, la mixité dans l’espace de l’accueil libre est revenue naturellement. Le sentiment d’appartenance et de collectivité, lui aussi, s’est renforcé.
La Scène : un centre de jeunes pensé par et pour les jeunes à la Vallée de Joux
Après le COVID-19, les signes d’isolement et de détresse psychique se sont multipliés chez les jeunes. La Municipalité de la Commune du Chenit a alors choisi de faire confiance aux jeunes pour créer, avec des professionnel·les, un lieu conçu selon leurs attentes.
La Scène est aujourd’hui un espace où l’on parle sans tabou de la santé mentale, du racisme, des orientations sexuelles ou de l’identité de genre. Elle connaît une fréquentation record, avec des soirées réunissant jusqu’à 100 jeunes, et n’a recensé aucun incident de violence en trois ans.
Les jeunes ont décidé eux-mêmes des usages du lieu et ont choisi de ne pas créer de règlement complexe. Une seule règle prévaut : «Si tu ne respectes pas, tu ne restes pas.» La banalisation du sexisme y est exclue et les filles y occupent une place prépondérante, en particulier au sein du Comité. Les jeunes participent aux décisions, montent des projets contre les incivilités, organisent des concerts et des actions communautaires. Pour beaucoup, La Scène est devenue une seconde maison.
Construire une véritable culture du respect
Les communes l’ont montré : un aménagement de l’espace public peut être un point de départ, mais cela ne suffit pas. Pour que les jeunes puissent grandir sans peur et sans jugement, il faut des espaces animés, inclusifs, où les règles sont claires, où l’égalité et la diversité sont valorisées et où la participation est réelle. Une politique de la jeunesse ne se construit pas pour les jeunes, mais avec eux.
C’est précisément dans cette perspective que le rôle des cantons et des communes est essentiel : associer réellement les jeunes dans la conception, la gestion et l’animation des espaces publics et des lieux qui leur sont dédiés. Leur offrir une véritable place et un pouvoir d’agir constitue un levier majeur de leur bien-être. Lorsqu’elles et ils se sentent écouté·e·s, légitimes et acteurs·trices de leur environnement, leur confiance, leur sentiment d’appartenance et, plus largement, leur santé mentale s’en trouvent renforcés.
Si tu ne respectes pas, tu ne restes pas.
Ce partage d’expériences s’est tenu le 12 novembre 2025, lors de la 12e édition de la soirée PICSAJ consacrée au thème : « Et si on parlait respect avec les jeunes ? ». Cette soirée a été organisée par la Direction générale de l’enfance et de la jeunesse avec Jaiunprojet.ch, un service du Centre vaudois d’aide à la jeunesse et divers partenaires cantonaux.
Un grand merci à l’ensemble des participantes et participants pour la richesse de leurs contributions. Rendez-vous l’année prochaine pour une nouvelle édition !
Direction générale de l'enfance et de la jeunesse (DGEJ)
Ressources à disposition des communes
- As de Cœur (Fondation Radix) : un programme pour les jeunes de 13 à 18 ans sur les relations amoureuses, amicales, professionnelles pour expérimenter différents positionnements et valoriser la diversité.
- Voqueer : un dispositif qui soutient les communes dans la promotion de l’égalité, de la diversité de genre et d’orientation affective et sexuelle et la lutte contre les violences à travers des ateliers ou des dîner quizz.
- Action Innocence : active dans la prévention des risques liés au numérique et dans la protection de l’enfance en ligne.
- La Politique enfance et jeunesse (PEJ) du Canton de Vaud dispose d’un budget de 400’000 CHF annuel pour soutenir des projets novateurs de communes pour les jeunes, www.vd.ch/pej-subventions, Carole Guignet : pej(at)vd.ch
Ces ressources complètent le travail essentiel mené par les centres de jeunes, les travailleurs·euses sociaux·ales et les communes.

