Dans les coulisses des élections cantonales: "le jour J"
Le 20 mars dernier, les Vaudoises et les Vaudois se sont rendus aux urnes pour élire le Grand Conseil et pour le premier tour de l’élection du Conseil d’État. Découvrez une journée de dépouillement et les coulisses du Bureau électoral cantonal, de l’ouverture des bureaux à la proclamation des premiers résultats.
Ce dimanche 20 mars, les quelque 300 bureaux électoraux communaux sont à pied d’œuvre (encadré). Comme pour chaque dimanche de scrutin, plusieurs milliers de personnes sont mobilisés pour dépouiller les bulletins électoraux.
Après une longue et minutieuse préparation du scrutin, toute l’équipe du Bureau électoral cantonal se retrouve également sur le pont le Jour J. Elle est prête à parer à tous les problèmes qui peuvent survenir pendant la journée, que ce soit un pépin informatique (une commune qui n’arrive pas à se connecter, une autre qui ne réussit pas saisir les résultats) ou s’il faut répondre à une avalanche d’appels téléphoniques.
«On prépare systématiquement des plans B que nous sommes prêts à déclencher en cas de gros problème, explique Liliana Peixoto. Mais notre rôle essentiel est d’assurer un soutien, et notre temps est avant tout consacré à répondre aux questions des bureaux électoraux communaux : comment dépouiller tel type de bulletin, comment faire si tel cas de figure se produit, etc.».
«...Mais notre rôle essentiel est d’assurer un soutien, et notre temps est avant tout consacré à répondre aux questions des bureaux électoraux communaux : comment dépouiller tel type de bulletin, comment faire si tel cas de figure se produit, etc.».
Des renforts en cas de grosse tuile
Si tout se passe bien, cinq ou six personnes du Bureau électoral peuvent gérer une journée ordinaire, avec l’appui de nombreuses personnes de l’informatique «En cas de grosse tuile, nous pouvons encore compter sur les quatre ou cinq personnes de garde et donc immédiatement mobilisables en fonction de la nature du problème», précise Liliana Peixoto.
Dans tous les cas, le jour de l’élection est une grosse journée qui commence aux aurores et finit souvent vers minuit, mais pour ces élections tous les résultats sont tombés avant 19 heures. Tout dépend des imprévus… Quand il n’y a pas trop de complications, la journée passe vite. «Si un gros problème survient dans une commune, on leur donne tout le soutien nécessaire par téléphone, ou l’on se rend directement sur place pour essayer de les dépanner au mieux. Parfois, les responsables de bureaux sont confus, ne retrouvent pas les bons papiers avec les bons chiffres et il faut alors les aider à réorganiser le dépouillement de leurs bulletins.»
Au secours d’un président de bureau
La plupart du temps, les dépouillements, malgré leur grande complexité, surtout avec l’augmentation des bulletins modifiés (encadré), se font sans problème majeur. Parfois des retards, mais rien de grave ou qui sorte de la routine. Liliana Peixoto se souvient d’un jour d’élections fédérales, quand un président du bureau, en fin de journée, s’était retrouvé complètement submergé par la tâche, n’arrivant plus à rien calculer. «Le préfet s’était rendu sur place. Malgré cela, nous avons finalement dû réaliser une partie des opérations par téléphone sur la base des indications orales du président. Nous avons fini épuisés, mais soulagés : les résultats de la commune ont été annoncés dans les temps.»
Car ce n’est qu’une fois que toutes les communes ont saisi leurs résultats dans une application que le Bureau électoral cantonal va pouvoir produire le procès-verbal cantonal et proclamer les résultats finaux. Tout étant désormais automatisé, le procès-verbal se fait lui, en un seul clic !
Ce dimanche 20 mars, pour la deuxième fois depuis l’entrée en vigueur de la révision de la loi sur l’exercice des droits politiques, tous les bureaux de vote, sans exception, ont obligatoirement fermé à 11 heures, la durée minimum d’ouverture étant d’une heure. Le temps que les milliers de scrutateurs finissent de dépouiller les bulletins, tous les résultats étaient déjà publiés aux alentours de 19 heures. La rapidité du dépouillement provient d’une participation peu élevée (un peu plus de 30%), et d’une formation importante de la part des communes pour maîtriser le logiciel de dépouillement.
Bureau d'information et de communication (BIC),
Article tiré de La Gazette de mars 2022
Direct du 20 mars 2022 en story
Radiographie d’un bureau de vote
Au nombre de 311 dans le canton de Vaud, soit un par commune et douze pour Lausanne, les bureaux de vote sont le cœur même du système électoral. La loi est claire : le bureau électoral communal est l’autorité́ responsable du dépouillement lors des scrutins fédéraux, cantonaux et communaux. Dès lors, il est essentiel qu’il puisse fonctionner de façon efficace – pour assurer l’obtention rapide des résultats – et impartiale, afin de garantir la régularité du scrutin. Une condition sine qua non de la bonne tenue d’un scrutin.
Téléphone portable au râtelier
A sa tête, un président ou une présidente, généralement la personne qui préside le conseil communal (ou général). Sa mission : garantir le secret du vote et du dépouillement et s’assurer que les opérations de comptage des voix s’opèrent de manière efficiente et en conformité́ avec la loi. Pour la mener à bien, il peut compter sur l’appui du secrétaire et des scrutateurs du conseil communal (ou général). Et si besoin, il pourra toujours faire appel à des tiers – notamment issus des formations politiques. Le nombre de scrutateurs varie bien sûr en fonction de la taille de commune. Pour la petite histoire : le secret du vote étant absolu, les scrutateurs se séparent de leur téléphone portable à l’entrée des locaux de dépouillement. En effet, ni tendance ni résultat partiel ne doivent sortir du local avant la finalisation du procès-verbal communal.
Mais en attendant l’heure des résultats, les tâches du président sont multiples. Il doit veiller à ce que le bureau dispose de locaux équipés en fonction des besoins (une salle pour le dépouillement séparée du local de vote, une urne pour le local de vote, des stylos de couleur, des enveloppes vierges, etc.). Il se sera également assuré du bon fonctionnement de Votelec, l’application dans laquelle se trouvent tous les documents destinés aux bureaux électoraux (les diverses instructions, les modèles de procès-verbaux, les protocoles de travail) et qui sert évidemment à saisir les résultats.
Un double comptage
Les scrutateurs sont tôt à l’ouvrage. Un travail méticuleux. Provenant des urnes, des greffes ou de la boîte aux lettres communale, les enveloppes sont rassemblées, vérifiées, tout comme les cartes de vote qui, pour être valables, doivent contenir la date de naissance et la signature de l’électrice et de l’électeur. Ensuite, les bulletins sont triés par type d’élection : Conseil d’État ou Grand Conseil. Avant de procéder au comptage, il s’agit encore de trier les bulletins en cinq catégories (non modifiés, modifiés, sans dénomination, blancs, nuls). Par souci d’exactitude, les bulletins sont toujours comptés par deux personnes au minimum.
Bulletins modifiés à la hausse
Ces dernières années, le nombre de bulletins modifiés (à savoir: un bulletin manuscrit complété à la main ou un bulletin imprimé modifié à la main) a considérablement augmenté. Aux élections de 2017, ils se montaient à plus de 50% pour le Conseil d’État. Pour ces dernières élections, toujours pour le Conseil d’État, la proportion de bulletins modifiés s’élève à environ 40%. Comme le décompte des suffrages individuels des bulletins modifiés se fait manuellement à l’aide de tableaux Excel, ou par la saisie de chaque bulletin dans l’application Votelec (selon le choix de la commune), cela prend forcément plus de temps.
Enfin, une fois connu le nombre d’électeurs inscrits et de bulletins rentrés – répartis entre les blancs, les nuls et les valables –, toutes ces données sont alors saisies dans l’application Votelec qui lance le moteur de calcul et établit le procès-verbal communal, soit le décompte final.