Le recyclage des déchets bitumineux

En tant que maîtres d’ouvrage, les communes ont un rôle important à jouer dans le domaine du recyclage des matériaux de chantier, notamment celui des déchets bitumineux.

Photo d'illustration d'archives
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Publié le 24 juin 2011

Les déchets minéraux de chantier se recyclent aussi

Le recyclage des matériaux minéraux de chantier joue un rôle important dans la gestion des déchets et l’économie locale. Il permet en outre de réaliser des économies substantielles de matériaux et de transports.

On distingue principalement les déchets provenant du bâtiment (béton, pierre, tuiles, briques, etc.) de ceux provenant d’ouvrages routiers (grave, enrobé bitumineux, béton). La plupart de ces matériaux peuvent être recyclés par tri et concassage.

Matériaux de route: problématique des HAP

Le matériau le plus problématique est l’enrobé bitumineux (le « noir ») qui consti- tue les couches superficielles des chaussées.

Les enrobés posés aujourd’hui ne contiennent plus de goudron - terme désignant généralement le goudron de houille, sous-produit de la transformation de la houille en coke (charbon). Ils contiennent cependant encore, en concentration variable, des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), molécules hautement cancérigènes. Il s’agit dès lors de traiter ces déchets en évitant la dissémination de ces polluants dans l’environnement.

Environ 50’000 m3 de déchets bitumineux, dégrappés ou fraisés sur les chantiers de route, entrent dans les installations de recyclage vaudoises chaque année. Leur concassage produit du granulat bitumineux. Ce granulat est recyclable sous forme liée en centrale d’enrobage si leur taux de HAP dans le liant est inférieur à 20’000 mg/kg; il est même recyclable sous forme non liée – comme grave de fondation – si ce taux est inférieur à 5’000 mg/kg, ce qui est le cas de la plupart des déchets bitumineux actuels.

Les centrales d’enrobage absorbent une part toujours croissante de granulat bitumineux recyclé, selon leur mode de fonctionnement (16 % du total des maté- riaux utilisés en enrobage). Ceci ne suffit cependant pas pour écouler tous les déchets recyclables générés par les chantiers.

Venir à bout des stocks

Mises à part leurs restrictions d’utilisation, les matériaux bitumineux posent un problème de par l’importante augmentation des stocks à recycler (100’000 m3 pour le seul canton de Vaud à fin 2010). Ils s’accumulent sur les places de recyclage suite aux nombreuses réfections de routes qui ont eu lieu en 2010, à tel point que plusieurs entreprises de recyclage refusent maintenant de les prendre en charge. Les détenteurs de ce type de déchets sont alors tentés de s’en débarrasser de façon illégale et polluante.

Pour des raisons techniques, seule une petite proportion de granulats bitumineux recyclés peut être intégrée dans les enrobés posés lors de réfections de routes. Dès lors, le seul moyen de consommer les stocks excédentaires de matériaux bitumineux contenant moins de 5’000 mg/kg de HAP est de les utiliser sous forme non liée, en proportion variable, dans les graves de fondations (coffre de route, couche de réglage sous des places goudronnées, remblais de fouilles, etc.). Ce type de matériaux, appelé «grave A» et de qualité comparable à du matériau neuf, est très apprécié des entreprises de génie civil pour ses propriétés géotechniques.

Des matériaux bitumineux, même sous forme de grave A, ne doivent pas être posés directement en surface. Ils doivent toujours être revêtus d’une couche étanche (béton, enrobé). Une exception existe pour le granulat bitumineux pur, qui peut être mis en œuvre en couche de 7 cm d’épaisseur au maximum, à condition qu’elle soit laminée par temps chaud de manière à redevenir cohésive et imperméable.

Le rôle important des collectivités publiques

Il est urgent que les collectivités publiques en tant que maîtres d’ouvrages dans le domaine du génie civil (Confé- dération, cantons, mais aussi les communes) prennent conscience du rôle important qu’elles peuvent jouer dans le cycle de ces matériaux.

Au vu des restrictions qu’imposent les risques de pollution par les HAP, l’intégration des granulats bitumineux recyclés dans la grave A représente à l’heure actuelle la meilleure solution pour rationaliser l’utilisation des déchets de réfection de routes.

Elle permet à la fois :

-    d’économiser des matières premières,
-    de réduire les coûts,
-    de limiter les transports,
-    d’épargner des volumes, également précieux, dans les décharges.

Le Service des eaux, sols et assainissement exerce un contrôle sur les places de recyclage, qui sont actuellement submergées de matériaux bitumineux. Il appartient cependant aux communes de surveiller, autoriser ou faire évacuer les matériaux stockés en dehors des endroits prévus à cet effet.


Direction générale de l'environnement (DGE), direction de l'énergie, service des eaux, sols et assainissement (SESA)

Renseignements

Florian P. Zellweger
Service des eaux, sols et assainissement (SESA), Division sols, carrières, déchets.
Tél. 021 316 75 76 (direct)
Voir aussi: www.vd.ch > Thèmes > Environnement > Déchets