Renaturation : un outil de planification à disposition des communes

En matière de protection des eaux, la législation fédérale impose aux cantons de planifier la renaturation de leurs cours d’eau et d’en établir le calendrier. Au terme d’un long travail d’analyse, la Direction générale de l’environnement s’apprête à mettre à disposition des communes et des usagers les cartes de la planification stratégique pour les rivières vaudoises. En aucun cas contraignants, ces documents se veulent des outils de dialogue et d’échange avec les acteurs concernés.

Photo d'illustration d'archives
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Publié le 28 mars 2014

La préservation ou la restauration de l’état naturel des cours d’eau constitue l’un des objectifs de la politique fédérale en matière de protection des eaux. Il se traduit dans les faits par la loi sur la protection des eaux (LEaux), dont la modification de 2011 impose aux cantons de planifier des mesures stratégiques de revitalisation et de définir un calendrier pour leur mise en œuvre. Cette planification doit permettre d'obtenir une vue d'ensemble des atteintes ainsi que du potentiel de revalorisation des tronçons de cours d’eau et de définir les priorités.

Une analyse multifactorielle

Afin d’évaluer le potentiel des rivières vaudoises sous l’angle de la renaturation, les différents services cantonaux concernés par la thématique ont étudié l’ensemble des cours d’eau du canton en prenant en compte de très nombreux critères, parmi lesquels leur degré de naturalité, l’espace qui leur est réservé, la présence de bâtiments ou de surfaces aménagées dans leur proximité immédiate ainsi que leur potentiel écologique et paysager. Cette analyse a ensuite conduit à l’établissement d’une priorisation – indicative et provisoire – des interventions à mener.

Des cartes à disposition des communes

Ce travail d’analyse prend corps, au final, avec la réalisation des cartes de planification, dont une première version sera mise à disposition des communes dans le courant du mois d’avril avant leur stabilisation à la fin de l’année. Ces documents, au nombre de quatre, constituent des outils précieux puisqu’ils offrent une vision globale des travaux de renaturation pouvant être menés à l’échelle du canton pour les quatre-vingt années à venir en les distinguant selon trois classes de priorité. Les services de l’Etat, ainsi que tous les acteurs concernés, bénéficieront donc désormais d’une base commune sur laquelle les futures interventions pourront se planifier et se construire en collaboration avec l’ensemble des partenaires touchés par cette thématique.

L’Etat en soutien

Au total, plus de 470 kilomètres de cours d’eau, sur les 6000 que compte le canton de Vaud, ont été identifiés comme pouvant faire l’objet d’une renaturation prioritaire. Ces travaux visent des objectifs multiples. En octroyant plus d’espace aux cours d’eau, ils en renforcent les fonctions écologiques et paysagères, permettent aux habitants d’une région de se réapproprier leurs rivières et ils offrent une protection efficace contre les crues. Pour les communes, de tels travaux peuvent également se révéler intéressant dans une optique plus large. La rénovation d’un ancien collecteur, par exemple, est en effet entièrement à leur charge. En revanche, si une telle intervention s’inscrit dans le cadre d’une renaturation, 95% des coûts peuvent être pris en charge par le canton et la Confédération. L’opération peut aussi se révéler intéressante pour les exploitants agricoles, puisqu’il est possible d’employer les berges comme surfaces de compensation écologique et ainsi d’obtenir des subventions agricoles. Dans tous les cas de figure, en plus de son soutien financier, le canton est à même d’apporter une aide technique précieuse dans la recherche de solutions.

Deux kilomètres par année

Depuis 2000, 31 chantiers de renaturations ont été menés dans le canton et, depuis 2010, ces travaux ont permis la remise à l’état naturel de deux kilomètres de cours d’eau par année. La Direction générale de l’environnement encourage les communes, sur la base des cartes de planification qu’elles auront prochainement à disposition, à entamer une réflexion sur l’avenir des cours d’eau qui traversent leur territoire. Elle se tient en tout cas à disposition pour les conseiller et les orienter dans le cadre d’une démarche de renaturation.

 


Direction générale de l'environnement (DGE)

La Morvaz après les travaux de renaturation (cf droite). Crédit photo : Olivier Stauffer, DGELa Morvaz après les travaux de renaturation (cf droite). Crédit photo : Olivier Stauffer, DGE

La renaturation de la Morvaz, une collaboration fructueuse

Menée de septembre 2013 à mars 2014, la renaturation de la Morvaz, à cheval entre Moiry et Cuarnens, portait sur 400 mètres de cours d’eau et 50 mètres de remise à ciel ouvert. S’étalant en partie sur des terrains agricoles, l’intervention a légèrement modifié l’usage du terrain, tout en le gardant compatible avec les modes d’exploitation agricoles actuels. Deux ouvrages de franchissement sur la rivière ont été réalisés pour permettre le passage des machines agricoles et les berges sont maintenant praticables pour une fauche mécanisée. Le chantier a permis de recréer des rives naturelles et de diversifier les milieux favorables à la flore et à la faune, notamment des espèces fragiles comme la truite de rivière, le chabot et l’écrevisse à pattes blanches.

Cartes de planification

Les cartes de planification évoquées dans cet article seront mises à disposition sur le site internet de l’Etat de Vaud dans le courant du mois d’avril. Les communes en seront averties par courrier.

Informations complémentaires

Direction générale de l’environnement
Ressources en eau et économie hydraulique (DGE-EAU)
M. Olivier Stauffer
Tél. : 021 316 75 63