La moule Quagga et les espèces exotiques envahissantes : agir maintenant pour l’avenir

Détectée en Suisse pour la première fois en 2011, la moule Quagga a rapidement pris ses aises dans la majorité des grands lacs du pays et son invasion va engendrer des coûts économiques et écologiques considérables. Afin d’enrayer sa propagation et de prévenir l’arrivée de nouveaux envahisseurs, le Canton mène une campagne d’information sur les différents vecteurs de contamination et les méthodes de lutte.

Moules Quagga sur le fond du Léman
La moule Quagga a colonisé la majorité des grands lacs de Suisse. Photo: DGE. La moule Quagga a colonisé la majorité des grands lacs de Suisse. Photo: DGE.
Publié le 21 juin 2021

La moule Quagga (Dreissena bugensis) est une petite moule, zébrée comme le quagga, une espèce proche du zèbre qui a disparu. La moule Quagga est surtout une espèce exotique envahissante. Originaire du Nord de la Mer Noire, elle s’est répandue dans de nombreux canaux et lacs d’Europe et d’Amérique du Nord. En Suisse, la moule Quagga a été détectée pour la première fois en 2011 à Bâle. Elle s'est ensuite propagée dans les lacs de Constance, de Neuchâtel, de Bienne, Léman et dans le Rhin. Capable de se reproduire rapidement et massivement même à basse température, colonisant n’importe quel substrat (roche ou sable), extrêmement tolérante aux variations de conditions du milieu, la moule Quagga prolifère exponentiellement et menace de contaminer le reste des lacs suisses.

Menace écologique…

La moule Quagga menace la biodiversité des lacs en recouvrant les fonds sur plusieurs centimètres, ce qui uniformise les lieux d’habitats et de refuge de la petite faune aquatique et l’empêche de respirer. Capable de filtrer plus d’un litre d’eau par jour, elle appauvrit aussi la quantité de nutriments disponibles pour les autres espèces présentes.

…et économique

La moule Quagga obstrue les prises d’eau des installations d’exploitation de chaleur/froid et de production d’eau potable. Le problème était déjà connu avec la moule zébrée, une autre espèce exotique envahissante, très proche de la Quagga. Mais cette dernière colonise désormais aussi les conduites au-delà de 40 mètres de profondeur. Le Service des eaux de la Ville de Lausanne a ainsi constaté la colonisation des usines d’eau potable de Saint-Sulpice et de Lutry, ce qui engendrera des investissements de plusieurs millions de francs. La moule s'installe aussi très facilement sur les bateaux, entraînant des dommages et des coûts importants. Elle colonise aussi les filets, entraînant des nuisances pour la pêche professionnelle.

Les moules s'installent très facilement sur les coques ou les moteurs des embarcations. Photo: stopaquatichitchhikers.org

La prévention comme principal outil de lutte

Il est difficile, voire souvent impossible d’éradiquer une espèce exotique envahissante une fois qu’elle est implantée,  surtout dans le milieu aquatique. Aucun moyen de lutte efficace n’a été trouvé si ce n’est la prévention. Sur recommandation de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), le canton a initié en 2020 une campagne de sensibilisation. Les communes littorales, les propriétaires de bateaux, les pêcheurs, ports, chantiers navals ainsi que les clubs nautiques et de plongées, ont étés informés des recommandations pour éviter la propagation des espèces exotiques aquatiques envahissantes.

L'Office fédéral de l'environnement a diffusé des recommandations pour éviter la propagation des espèces exotiques envahissantes dans les milieux aquatiques.

Des mesures simples

Cette campagne vise principalement les bateaux qui transportent des organismes accrochés sur leur coque, dans le moteur ou encore dans l’eau de refroidissement sous forme de larves. Ils contaminent de nouveaux plans d’eau lors de leurs déplacements. Les petites embarcations, les équipements de sports nautiques, de plongée et de pêche sont aussi vecteurs de contamination et menacent les petit lacs non navigables encore préservés. Le simple fait d’inspecter son embarcation et équipement, d’en retirer les différents débris et organismes présents et de vider l’eau qui s’y est accumulée diminuerait jusqu’à 85 % les risques d’introduction et de propagation d’espèces. Un séchage de cinq jours consécutifs permettrait une décontamination pratiquement totale du matériel.

Il est urgent d’adopter ces recommandations afin de protéger les lacs du canton encore non-colonisés. Sensibiliser durablement les différents usagers des lacs reste la méthode la plus efficace pour prévenir l’arrivée de nouveaux envahisseurs. Chaque année supplémentaire durant laquelle les eaux encore non colonisées auront été préservées de l’apparition d’espèces indésirables est précieuse et permettra de maintenir les dommages et les coûts consécutifs à un faible niveau.


Direction générale de l'environnement (DGE),
Division Biodiversité et paysage (DGE-BIODIV)

Recommandations

L'OFEV, la Conférence des services de la faune, de la chasse et de la pêche et l'Univesrité de Bâle ont publié une fiche technique à l'attention des propriétaires de bateaux pour éviter la propagation des espèces exotiques envahissantes dans les milieux aquatiques.

Fiche technique

Liens utiles

Les sites internet de l'Etat de Vaud et de la Confédération fournissent des informations complémentaires sur la thématique des espèces exotiques envahissantes, qu'il s'agisse de plantes ou d'animaux.

Contacts

Direction générale de l'environnement (DGE)
Division Biodiversité et paysage (DGE-BIODIV)
Charline Daujat, biologiste
charline.daujat@vd.ch