Guerre en Ukraine : informations sur les abris et ouvrages de protection

La guerre entre la Russie et l'Ukraine réveille la crainte d'un conflit armé en Suisse et interpelle sur les mesures de protection de la population en particulier en matière d'ouvrages de protection et d'abris antiatomiques.

Porte étanche d'un abri
Porte étanche d'un abri Porte étanche d'un abri
Publié le 21 mars 2022

TOUS AUX ABRIS !

Le conflit armé entre la République d’Ukraine et la Fédération de Russie réveille en chacun de nous des peurs que l’on croyait définitivement oubliées. Pour la première fois depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l’agression militaire d’un pays européen par une nation voisine évoque la crainte de la guerre.

La mise en alerte de la force de dissuasion nucléaire russe et les attaques contre des centrales nucléaires ukrainiennes ravivent aussi le spectre de la menace nucléaire que l’on croyait définitivement révolues.

Si, à l’heure où nous rédigeons cet article, il n’a y pas de menaces concrètes contre la souveraineté de la Suisse et qu’aucune mesure particulière ne doit être déclenchée pour la protection de la population, le Service de la sécurité civile et militaire (SSCM) a été fortement sollicité ces dernières semaines pour répondre aux inquiétudes légitimes des communes et de la population.

Responsabilités des communes

En matière de protection de la population, la loi sur les communes confère aux municipalités la responsabilité de la protection des personnes et des biens (art. 43, al. 1, let a LC, BLV 175.11). La loi sur la protection de la population précise que, lorsque les circonstances rendent indispensables les mesures d'urgence, les communes sont tenues d'assister, de loger et de nourrir les personnes en quête de protection qui leur sont attribuées (art. 26, al. 1 LProP, BLV 510.11).

Les communes jouent donc un rôle central en situation de crise en ce qui concerne la protection de leur population.

Les partenaires de la protection de la population tels que la police, les sapeurs-pompiers et les services d’urgences préhospitaliers garantissent le premier échelon d’intervention et de réponse à l’urgence. Les primo-intervenants et les communes peuvent être appuyés dans un second temps par la protection civile.

En matière de protection civile, il est bon de rappeler que tout habitant doit disposer d’une place protégée dans un abri situé à proximité de son lieu d’habitation (art. 60 LPPCi, RS 520.1). La loi fédérale sur la protection de la population et sur la protection civile prévoit en effet toujours que de tout propriétaire qui construit une maison d’habitation dans une commune où le nombre de places protégées est insuffisant doit y réaliser un abri et l’équiper (art. 61 al. 1 LPPCi, RS 520.1). La législation prévoit des exceptions à cela. En cas de dispense de construction, les propriétaires doivent s’acquitter d’une contribution de remplacement, laquelle est prévue essentiellement pour la réalisation d’abris publics.

Les communes veillent toutefois à ce que les zones dans lesquelles le nombre de places protégées est insuffisant comprennent suffisamment d’abris publics équipés (art. 61 al. 3 LPPCi, RS 520.1). Sur le plan cantonal, la loi d’exécution de la législation fédérale sur la protection civile attribue notamment aux communes la responsabilité de la réalisation, de l’usage et de l’entretien des abris publics (art. 4, al.1, let. b LVLPCi, BLV 520.11).

C’est donc essentiellement dans le domaine des ouvrages de protection que la législation confère directement des responsabilités en matière de protection civile aux communes.

Centre sanitaire protégéCentre sanitaire protégé

Les ouvrages de protection

Ce que l’on appelle couramment les «abris PC» comprend en fait différents types d’ouvrages de protection. Dans le canton de Vaud, nous disposons de plus de 26'000 ouvrages.

La grande majorité, soit plus de 25'000, sont des abris privés obligatoires destinés à la population. Ce sont les abris antiatomiques que l’on trouve sous les maisons d’habitation.

A côté de ce parc d’objets privés, on dénombre en outre :

  • plus de 300 abris publics communaux (destinés à la population, c’est à dire aux personnes qui n’auraient pas une place dans un abri privé)
  • plus de 100 constructions protégées (qui sont exclusivement destinés à la protection civile, aux partenaires de la protection de la population et aux organes de conduite que l’on peut regrouper dans 4 catégories) :
    • les postes de commandement ;
    • les postes d’attente ;
    • les centres sanitaires protégés et
    • les unités d’hôpital protégé.

On dispose encore dans le canton d’une trentaine d’abris pour la protection des biens culturels.

Du point de vue de la législation, le nombre d’ouvrages importe peu : ce qui est déterminant, c’est que 100% de la population dispose d’une place protégée dans un abri privé obligatoire ou dans un abri public.

Dans le canton de Vaud, nous disposons de plus de 793'000 places protégées dans les abris privés et les abris publics communaux. 

Sachant que nous disposons de quelque 50'000 places dans des entreprises qui ne rentrent pas dans ce décompte, de plus de 4’800 lits sanitaires et plus de 13'000 places dans les constructions, nous disposons de suffisamment de capacités pour protéger l’ensemble de la population résidente en cas de conflit armé.

Louis-Henri DelarageazCommandant de la Protection civile vaudoise

À quoi servent les ouvrages de protection ?

Les ouvrages de protection sont d’abord et avant tout prévu en cas de conflit armé. Leurs propriétés techniques les destinent d’abord à protéger la population des effets d’une bombe atomique – ce qui représente la situation la plus dangereuse mais pas nécessairement la plus probable. Selon l’adage «qui peut le plus, peut le moins», ils protègent également la population des effets des armes chimiques, des bombardements ou des tirs.

Sachant que la plupart de ces ouvrages sont destinés à d’autres usages en temps de paix (caves, dépôts ou parkings publics notamment), leur activation et leur mise en service ne sera fera que sur ordre de la Confédération dans le cadre d’une montée en puissance décrétée par le Conseil fédéral. En clair, cela signifie que s’il est ordonné de libérer et préparer les abris privés et publics, nous nous préparons à un conflit armé.

En principe, les abris doivent être disponibles dans les 5 jours.

Il faut donc sortir de l’idée que si les sirènes retentissent en temps de paix, la population doive se précipiter dans les abris. Ceux-ci ne sont pas prévus pour cela.

En temps de paix, ce sont plutôt les constructions et certains abris publics – prêts et équipés de lits – qui pourraient être activés pour offrir de l’hébergement d’urgence, par exemple pour des personnes devant quitter leur logement en cas de sinistre ou des populations déplacées en raison d’un évènement sortant de l’ordinaire. Un peu plus de 170 ouvrages représentant quelques 25'000 lits sont prévus à cet effet dans le canton. Là encore, nous disposons d’une certaine marge de manœuvre en situation d'urgence.

Qu’adviendrait-il en cas d’avarie dans une centrale nucléaire ?

En cas d’avarie dans une centrale nucléaire – que celle-ci soit localisée en Suisse ou à l’étranger et que l’origine de l’avarie soit accidentelle ou d’origine humaine – c’est la Centrale nationale d’alarme (CENAL) qui lancerait l’alerte.

En cas de déclenchement des sirènes, il faut écouter la radio ou consulter l’application ou le site Alertswiss et d’appliquer les consignes des autorités.

Selon la proximité de la source de radioactivité, la population pourrait être évacuée. Il pourrait alors être demandé à la protection civile de procéder à la distribution de pastilles d’iodure de potassium à la population concernée en guise de prophylaxie (il est toutefois à relever qu’à l’exception des communes du sud du district, les habitants de la Broye-Vully sont équipés de ces pastilles puisque leur habitation se trouve à moins de 50 km de la centrale nucléaire de Mühleberg).

En fonction de la gravité et de la distance du lieu de l’évènement, ainsi que du taux de radioactivité ambiant, de simples mesures de confinement ou de précaution pourraient être décrétées (rester à la maison, fermer les fenêtres et couper la ventilation).

 


Département de l'environnement et de la sécurité (DES),
Service de la sécurité civile et militaire (SSCM)

Alors comment faire pour se préparer ?

Le site Alertswiss dispense bon nombre de conseils et permet à tout un chacun de préparer son plan d’urgence.
Concernant les communes, nous ne pouvons que rappeler que c’est de leur responsabilité de s’assurer que 100% de leur population dispose d’une place protégée à proximité de son domicile – c’est-à-dire dans un rayon de 30 minutes à pied. En cas de déficit en abris privés obligatoires, il est de la responsabilité des autorités communales de construire des abris publics.

Avec l’augmentation régulière de la population vaudoise, cette obligation de réaliser des places protégées reste d’actualité et garde toute sa pertinence.

Il revient donc aux Municipalités de s’assurer que le taux de couverture de leur commune soit de 100% et d’y remédier le cas échéant avant d’octroyer des dispenses d’abri ou de valider des projets de construction.
Un abri public ne devant pas obligatoirement se situer sous un bâtiment communal, il est possible de réaliser des places publiques dans un bâtiment privé.

Contributions de remplacement

Les contributions de remplacement perçues par les communes ou le Canton peuvent être engagées pour la réalisation de ces projets. Il est toutefois obligatoire de prendre contact avec la section ouvrages du SSCM avant d’initier un tel projet pour en assurer le subventionnement et le bon déroulement.

Dans tous les cas, le SSCM est à disposition des communes pour les accompagner dans ces démarches et les renseigner sur leur taux de couverture, l’état de leurs contributions de remplacement et les différents aspects législatifs et de procédure.

EN SAVOIR PLUS :

Questions et contact : tél. 021 338 86 00 ou par e-mail : ouvrages.pci@vd.ch 

Dortoir dans un centre sanitaire protégéDortoir dans un centre sanitaire protégé

Foire aux questions

Liens utiles et réponses aux questions les plus fréquentes :

Information pour les communes

Afin de garantir une communication cohérente de la part de l’Administration cantonale, l’ensemble des informations émanant des différents services de l’Etat en lien avec la situation en Ukraine sont centralisés sur la page d’accueil du site officiel de l’Etat de Vaud (www.vd.ch) sous la mention «Ukraine» ou au moyen du raccourci vd.ch/ukraine.

Cette page dédiée permet notamment aux administrations communales de trouver, de manière simple et centralisée, l’ensemble des renseignements nécessaires en lien avec l’accueil des personnes en quête de protection.

Cette page sera régulièrement mise à jour.