Du sport à la carte, en libre-accès, non compétitif et inclusif : c’est ce que veulent les jeunes !

Terminé les horaires fixes, les inscriptions, et la performance comme unique horizon. Ce qui attire beaucoup de jeunes aujourd’hui, c’est un sport accessible, participatif et qui rassemble. En bref, c’est au sport d’aller vers les jeunes et non plus aux jeunes d’aller vers le sport. Une offre complémentaire aux traditionnels et incontournables clubs sportifs se développe. Certaines communes vaudoises l’ont bien compris et les initiatives ne manquent pas.

Skate urbain de La Sarraz, un lieu multigénérationnel et multi-usage dans un préau d’école (photo: Fabio Jimenez/ABF Swiss Agency)
Skate urbain de La Sarraz, un lieu multigénérationnel et multi-usage dans un préau d’école (photo: Fabio Jimenez/ABF Swiss Agency) Skate urbain de La Sarraz, un lieu multigénérationnel et multi-usage dans un préau d’école (photo: Fabio Jimenez/ABF Swiss Agency)
Publié le 11 décembre 2023

Les bienfaits d’une activité physique régulière sont évidents pour une santé physique, mentale et sociale tout au long de la vie. Et plus le réflexe de bouger est développé tôt, plus il y a de chance qu’une activité physique régulière soit pratiquée à l’âge adulte.

C’est donc une des missions de la collectivité, et notamment des communes, de favoriser l’exercice physique dès le plus jeune âge. Le défi est de taille : il s’agit de développer une offre attractive, accessible et, surtout, en phase avec la jeunesse.

Comment les communes peuvent-elles s’y prendre pour encourager de manière innovante l’activité physique pour et avec les jeunes ? C’était l’objet de la 10e Plateforme intercommunale sur le soutien aux activités de la jeunesse (PICSAJ), organisée le 8 novembre dernier par la Direction générale de l’enfance et de la jeunesse (DGEJ), le Service de l’éducation physique et du sport (SEPS) et par le service jaiunprojet.ch du Centre vaudois d’aide à la jeunesse (CVAJ).

Conclusion des échanges ? C’est avec les jeunes qu’il faut monter des projets, la dimension participative étant la clé du succès. La participation est d’ailleurs un principe inscrit dans la loi cantonale sur la promotion et le soutien aux activités de jeunesse, ainsi que l’a souligné le Délégué cantonal à l’enfance et à la jeunesse (DGEJ), Frédéric Cerchia, qui coorganisait la soirée.

De l’innovation pour et par les jeunes

De nombreuses recettes innovantes, méthodologies et soutiens financiers ont été évoqués lors de cette plateforme intercommunale qui rassemblait plus d’une dizaine de responsables de programmes jeunes et près d’une septantaine de collaborateurs·trices des communes vaudoises et de l’Etat.

Dans ce contexte, les villes et villages sont amenées à repenser l’aménagement de leurs lieux publics, afin de favoriser les pratiques sportives libres et inclusives. De nombreuses initiatives ont été évoquées, comme le sport libre en salle à Renens, une place de jeux avec tyrolienne à Curtilles, un parcours ludique pour aller à l’école à Lutry ou encore les aménagements tests éphémères SPARK, proposés par le CHUV et conçus pour, avec et par les jeunes à Renens et Yverdon-les-Bains. Détaillons trois autres exemples de communes plus en profondeur.

Espaces filles à Gland

« Espaces filles » est un moment d’entraînement en non-mixité choisie. C’est le Centre de Rencontres et de Loisirs de Gland (CRL), qui a déposé une demande d’aide financière à la Politique de l’enfance et de la jeunesse (PEJ) du Canton de Vaud pour financer du matériel de boxe en 2021. Le projet, construit à la demande et avec trois jeunes femmes fréquentant ce Centre, pour répondre aux besoins de filles de 11 à 18 ans qui ne trouvaient pas d’espace dans lequel elles se sentaient suffisamment à l’aise pour faire du sport. En moins de six mois, un accueil libre a été mis sur pied dans ce centre de loisirs pour y pratiquer la boxe anglaise entre filles, un lieu où la bienveillance, le respect et le non-jugement sont la règle. Les 60 usagères ont gagné en confiance et certaines y ont construit l’affirmation nécessaire à la fréquentation des espaces mixtes.

Skate urbain à La Sarraz

Il y encore le skate urbain ou « LS Park » de La Sarraz qui a fait parler de lui. Depuis les années 2000, les jeunes souhaitaient avoir un skate-park dans la commune. Fin 2020, une association de jeunes se forme pour porter le projet, soutenue par un travailleur social de proximité et avec l’appui de jaiunprojet.ch. Deux ans plus tard, le projet adapté tant pour les enfants que pour les jeunes est inauguré dans un préau d’école. Le projet est tout à fait innovant dans le sens où il est multigénérationnel et multiusage, servant le jour durant le temps scolaire d’espace ludique pour les écoliers, et le soir et les week-ends de skate-park pour les jeunes, durant leur temps libre. Même lieu, deux ambiances, deux publics, et deux temporalités différentes.

Casiers connectés à Sainte-Croix

Pour terminer ce tour d’horizon, on peut encore citer les casiers sportifs de Sainte-Croix. Alors que la commune était confrontée à une montée des incivilités sur la voie publique, elle a mené une réflexion sur l’usage de l’espace public. Le village de 5’000 habitant·e·s a consulté les jeunes de 13 à 25 ans qui ont exprimé leur besoin de se retrouver dans des espaces dédiés et sans contraintes d’horaire, notamment pour faire du sport. Comme Yverdon-les-Bains avant elle, Sainte-Croix propose d’installer des casiers connectés pouvant contenir tout type de matériel sportif : ballons, raquettes, jeu de boules, skate, slackline, skis, paddle, etc. L’usage est gratuit et l’âge illimité. Il suffit d’avoir un smartphone et une carte d’identité pour s’inscrire via l’application. L’infrastructure, l’alimentation par énergie solaire, et la maintenance sont externalisées à une société de casiers connectés suisse. Le préavis passera au mois décembre devant le Conseil communal.

Risque de décrochage sportif à 15 ans, surtout chez les filles

D’après les recommandations internationales de l’OMS présentées par Unisanté, les enfants de cinq ans et plus, ainsi que les adolescents devraient éviter de rester trop longtemps en position assise et bouger au moins 60 minutes par jour. Ce n’est pas négligeable, et il faut se l’avouer, la tendance va pourtant vers la sédentarité. Le sport est un enjeu de santé publique et le risque pour les jeunes, c’est clairement le « décrochage sportif » en fin de scolarité obligatoire, lorsqu’il n’y a plus de cours d’éducation physique et sportive obligatoires. Comme le montre l’étude Sophya de 2022, mentionnée par l'Observatoire du sport populaire lors de la soirée PICSAJ du 8 novembre dernier, la pratique d’une activité physique est en net recul dès la fin de l’école.

Ce phénomène concerne surtout les jeunes filles, qui fréquentent moins les clubs et privilégient des pratiques libres et autonomes. Or, c’est un fait que les préaux, les rues et les salles en sport libre sont souvent occupés en majorité par des garçons. Il est donc indispensable de réhabiliter des lieux pour les filles au sein même d’un espace public. D’autres facteurs sont à prendre en compte également : le milieu social, l’activité physique des parents, le parcours migratoire, le lieu de vie, l’accessibilité d’infrastructures, le sentiment de sécurité, la puberté et le rapport au corps. Les communes ont donc un rôle essentiel à jouer pour soutenir l'activité physique des jeunes et leur permettre de garder la santé.

 


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