M. Prix : Quel est son rôle vis-à-vis des communes ?

Augmenter les taxes est un processus souvent redouté par les autorités communales. Dans quelles circonstances et à quel moment le Surveillant des prix doit-il être consulté ? Un avis négatif est-il synonyme de fin du processus ?

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Publié le 16 juin 2025

On entend de plus en plus souvent parler de M. Prix, mais qu’implique concrètement son avis, notamment pour les autorités communales ? Quelques idées préconçues et particularités contre-intuitives méritent d’être clarifiées.

En vertu de l’article 14 de la Loi sur la surveillance des prix (LSPr), le Surveillant des prix — communément appelé M. Prix — doit être consulté préalablement lorsque les autorités communales, qu’elles soient législatives ou exécutives, décident de fixer, modifier, maintenir ou réduire le prix de certaines marchandises ou prestations de services. Cette obligation s’applique dès lors que les prix concernés sont fixés ou approuvés par une autorité communale sur un marché où la concurrence ne peut pas jouer librement, indépendamment de la manière dont ces prix ont été déterminés. Sont notamment concernés les taxes des domaines de l’approvisionnement en eau potable, de l’élimination des eaux usées ou de la gestion des déchets.

Dans son rôle de surveillance, M. Prix peut recommander de renoncer partiellement ou totalement à une hausse de prix, ou encore de réduire le prix déjà en place s’il le juge excessif. Bien que ces recommandations ne lient pas l’autorité communale, cette dernière est tenue de mentionner l’avis de M. Prix dans sa décision. La procédure est obligatoire, mais l’avis n’est pas contraignant. Si l’autorité communale choisit de ne pas suivre l’avis de M. Prix, elle doit motiver explicitement ce choix et en publier les raisons.

Les motifs pour lesquels l’avis n’a pas été suivi sont à mentionner dans le préavis municipal en cas de modification réglementaire ou, pour une décision municipale, à publier sur le site internet de la commune en même temps que l’avis lui-même et les nouveaux tarifs. La commune doit également communiquer, par courriel, sa décision et ses motivations à M. Prix. La publication de cette lettre sur le site internet de la commune peut faire office de publication des motifs pour lesquels l’avis de M. Prix n’a pas été suivi.

Selon les instructions émises par le Surveillant des prix, l’obligation de consulter M. Prix n’intervient pas seulement quand un législatif doit établir une fourchette tarifaire dans un règlement. Il estime que cette obligation intervient également chaque fois que l’exécutif décide, via une directive municipale, de fixer ou de modifier le tarif concret applicable à l’intérieur de la fourchette prévue par le règlement. Il existe donc un risque pour la commune de ne pas suivre cette instruction de M. Prix concernant les directives municipales.

En effet, si le Surveillant des prix n’est pas consulté avant la fixation des taxes, celles-ci sont entachés d’un vice de forme. Le non-respect des obligations découlant de l’art. 14 LSPr fonde une non-conformité au droit fédéral et peut entraîner, en cas de recours, l’annulation de l’acte attaqué. Dans le cas en espèce, cela impliquerait que les décisions de facturation de la taxe rendues sur la base d’un règlement entaché d’un vice de procédure pourraient être contestées dans un délai de 30 jours et, le cas échéant, être annulées.

Toutefois, en droit administratif suisse, l’annulabilité d’une décision entachée d’un vice formel – tel qu’une facture relative à la taxe sur les déchets – ne produit pas d’effet rétroactif. Par conséquent, les factures qui n’auraient pas été contestées dans le délai légal ne pourraient plus être remises en cause. En revanche, tout administré recevant une nouvelle facture pourrait la contester dans le délai imparti et invoquer l’irrégularité formelle du règlement sur lequel elle repose, en vue de son annulation.

Que peut faire une commune qui a omis de consulter M. Prix avant de fixer des taxes ?

Le Surveillant des prix n’effectue pas d’examen a posteriori. Pour assainir sa situation, la commune peut uniquement lancer un nouveau processus de fixation de la taxe (par le Conseil ou par la Municipalité selon le cas) en consultant cette fois M. Prix. Jusqu’à l’adoption du nouvel acte légal, le risque juridique d’un recours pèse sur toute décision de taxation émise par la commune sur la base de l’acte légal adopté sans consulter préalablement M. Prix.

A retenir

L’autorité communale peut s’écarter des recommandations de M. Prix mais elle doit mentionner son avis dans sa décision en motivant explicitement ce choix et en publiant les raisons. Elle doit également communiquer sa décision à M. Prix.

M. Prix estime qu’il doit être consulté même lorsque :

  • la nouvelle taxe reste à l’intérieur de la fourchette prévue par le règlement ;
  • la nouvelle taxe est inférieure à l’actuelle taxe en vigueur.

Un risque juridique d’un recours pèse sur toute décision de taxation émise par la commune sur la base de l’acte légal adopté sans consulter préalablement M. Prix.

L’éventuelle annulation d’une décision de taxation individuelle n’entraîne aucune conséquence pour les décisions de taxation n’ayant pas fait l’objet d’un recours.

La Direction générale des affaires institutionnelles et des communes (DGAIC) et les services concernés par les domaines autofinancés sont à votre disposition pour tout complément d’information.


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