Être préfet à 30 ans : le défi relevé par Jonas Kocher

Depuis octobre 2024, Jonas Kocher est à la tête de la préfecture de l’Ouest lausannois. Il revient sur ses premiers mois en fonction, entre accompagnement des communes, conciliation et ancrage dans un district en pleine évolution.

Jonas Kocher, Préfet du district de l'Ouest lausannois ©DGAIC
Jonas Kocher, Préfet du district de l'Ouest lausannois ©DGAIC Jonas Kocher, Préfet du district de l'Ouest lausannois ©DGAIC
Publié le 15 septembre 2025

Qu’est-ce qui vous a motivé à postuler au poste de préfet de l’Ouest lausannois ?

Étant originaire de l’Ouest lausannois, ce poste représentait une belle opportunité de servir le district et sa population, tout en restant fidèle à mes valeurs et à mon parcours. J’avais envie de m’engager dans une fonction concrète, ancrée dans le quotidien des communes, avec une vraie dimension de justice de proximité.

Après une expérience comme médiateur sur le chantier du tram, j’avais besoin d’un nouveau défi. Mon premier parcours en HEC ne correspondait pas complètement à mes aspirations ; j’ai donc choisi de m’orienter vers le droit en complétant ma formation par un Master. Le poste de préfet me permet aujourd’hui de concilier ces deux univers, tout en agissant pour le bien commun.

Avez-vous envisagé ce rôle comme une continuité logique de votre engagement public, ou comme un virage professionnel ?

Je dirais que c’est un peu des deux. J’étais déjà engagé dans la vie politique locale — j’ai été président du conseil communal de ma commune en 2020-2021, et vice-président d’un parti cantonal. Le respect des institutions et du cadre légal a toujours été central dans mon engagement.

Endosser la fonction de préfet m’a permis d’élargir cet engagement tout en restant cohérent avec mon parcours. C’est une nouvelle étape, mais dans la continuité de ce qui m’anime depuis longtemps, je suis honoré de pouvoir mettre mes compétences au service de l’intérêt général.

Vous êtes le plus jeune préfet du canton. Qu’est-ce que cela change dans votre manière de travailler ? De vous faire entendre ?

J’ai appris à ma nomination que j’étais le plus jeune préfet jamais nommé dans le canton. Par curiosité, je me suis penché sur les archives et j’ai vu que le précédent record datait de 1832 ! Cela dit, je ne perçois pas mon âge comme un obstacle, mais plutôt comme une chance d’apporter un regard neuf.

J’ai la chance de pouvoir m’appuyer sur l’expérience de mes collègues, tout en proposant des approches plus actuelles, notamment dans la gestion des conflits communaux. Si certains étaient un peu sceptiques au départ, j’ai pu grâce à mon parcours professionnel, qui malgré mon jeune âge était riche et varié, mon expérience politique et ma capacité d’écoute m’ont permis d’instaurer rapidement un climat de confiance. Aujourd’hui, les relations sont solides et respectueuses.

Près d’un an après votre entrée en fonction, quel bilan tirez-vous ?

Un bilan très positif. Je ne regrette absolument pas ce choix. J’ai beaucoup de plaisir à exercer cette fonction chaque jour, je m’y épanouis pleinement. Ce qui me porte aussi, c’est la qualité des échanges au sein de mon équipe, ainsi que la collaboration avec mes collègues. Travailler avec des personnes formidables, investies, bienveillantes et efficaces est extrêmement stimulant

Qu’est-ce qui vous a le plus surpris dans le rôle de préfet ?

Certains dossiers, notamment ceux liés à la Loi sur l'enseignement obligatoire (LEO), m’ont particulièrement marqué. Entendre les témoignages de familles, d’enfants, et se confronter à la limite d’action du préfet dans certaines situations douloureuses, n’est pas toujours simple. Mais cela fait partie de la fonction. C’est un rappel que derrière chaque dossier administratif ou juridique, il y a des histoires humaines, parfois sensibles et complexes.

Le poste vous place au carrefour entre l’État et les communes. Qu’attendent les municipalités envers vous ?

Dès mon entrée en fonction, j’ai tenu à dire que je souhaitais incarner une autorité d’accompagnement plutôt que de surveillance. Mon objectif est d’être disponible, d’apporter un soutien, mais aussi de rappeler le cadre légal lorsque cela s’impose.

Je crois que les communes apprécient cette approche équilibrée : elles savent qu’elles peuvent compter sur moi, mais aussi que la légalité et l’équité restent des repères incontournables. C’est un équilibre exigeant, mais essentiel.

Vous n’avez pas été syndic ou municipal, contrairement à d’autres préfets. Est-ce un avantage ou un handicap ?

Je pense que c’est plutôt un atout. Cela me permet d’avoir un regard neuf sur certaines habitudes, et parfois de requestionner des pratiques. Cela nourrit des échanges intéressants amène du dynamisme avec les communes.

Cela dit, je ne pars pas de zéro, j’ai une solide expérience politique communale, avec près de trois législatures au Conseil Communal, que j’ai présidé tout comme la commission des finances.

Quel lieu du district choisiriez-vous pour illustrer votre attachement au territoire ?

Je choisirais sans hésiter la gare de Renens. C’est un carrefour, à la fois géographique, culturel et humain. En quelques pas, on passe de Renens à Crissier, Chavannes ou Écublens. Elle reflète bien l’identité de l’Ouest lausannois : un territoire en mouvement, divers, et en constante évolution.

Y a-t-il une commune que vous avez redécouverte à travers vos fonctions ?

Oui, Villars-Sainte-Croix. C’est une petite commune que je connaissais assez peu que j’ai eu beaucoup de plaisir à redécouvrir. J’ai eu l’honneur d’y être invité lors du 1er août de cette année où j’ai été chaleureusement accueilli par ses habitants. J’en garde un excellent souvenir. C’est une commune discrète mais pleine de caractère.

L’instantané de Jonas Kocher

Être un bon préfet c’est être :
•    Intègre
•    Loyal
•    Ouvert d’esprit
•    Conciliant

Être un bon préfet ça rend...
• Pragmatique
• Humble
• Diplomate

Un moment cocasse ou inattendu depuis votre prise de fonction ?

J’ai organisé une dégustation à l’aveugle des vins de mon district pour mes collègues préfets. Les voir apprécier certains de ces vins a donné lieu à des échanges à la fois conviviaux et étonnants.

Quelle musique, activité ou habitude vous aide à déconnecter après une journée bien remplie ?

Je joue au basket chaque semaine avec mes anciens collègues des TL, je vais grimper régulièrement, je passe du temps avec mes amis, ma conjointe et ma famille. J’avoue aussi jouer de temps en temps sur ma console et ordinateur. Ce sont des moments essentiels pour garder un bon équilibre.

Quelle est votre devise, ou une citation qui vous inspire dans votre fonction ?

Écouter, comprendre, juger. Trois mots simples, mais fondamentaux dans ce métier.

Avez-vous une expression vaudoise favorite ?

« Couper la poire en deux » je l’utilise régulièrement dans les conciliations.


Direction générale des affaires institutionnelles et des communes (DGAIC)

 

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