Zlata Svyrydova, d'Ukraine, répondante à la hotline : «Aider… c’est ce que je fais depuis toujours»

Zlata Svyrydova était médecin en Ukraine. Aujourd’hui, elle est traductrice médico-sanitaire à la hotline Ukraine, mise en place par le Canton de Vaud avec l’appui de la Croix-Rouge vaudoise en été 2022 pour aider les cabinets médicaux et les pharmacies à prendre en charge les Ukrainiens fuyant la guerre. Rencontre.

« C’est ma troisième guerre ». Les yeux couleur d’eau de Zlata Svyrydova se perdent dans le vague un instant, pas plus. L’Ukrainienne pose le contexte, tout en s’excusant de ne pas être « bilingue », dans un excellent français, son timbre à peine teinté d’un accent qui adoucit encore sa voix. Pudeur, retenue, fierté ? Peu importe, ce qui caractérise Zlata, c’est sa détermination. « La vie continue, même en temps de guerre. On n’a pas le choix : on doit avancer. » Maman, de Myro, 16 ans, et de Mariia, 9 ans, elle sait parfaitement ce que ressentent ses enfants. « A 12 ans, j’étais au Burundi, avec mes parents, tous deux engagés auprès de Médecins sans frontières. C’est à ce moment qu’a éclaté la guerre qui a opposé Tutsis et Hutus. Cela a été très difficile. »

Douze ans plus tard, en 2013, la rage meurtrière des humains la rattrape. Revenue en Ukraine ses études, elle s’est installée dans le Dombass. Mais elle doit fuir devant l’occupation russe. Mariia est alors âgée de 9 mois et Myro, de 7 ans. Entre-temps, elle est devenue médecin, professeure d’anatomie à l’université et a exercé en tant que spécialiste en radiologie dans un hôpital universitaire. « Nous avons quitté Donetsk, à cause des explosions, et nous nous sommes installés à Konstantinovka, 60 km plus loin ». Puis la vie reprend son cours. Elle est nommée cheffe de service à l’hôpital, ouvre son cabinet. Mais tout bascule en février 2022. « C’est dans notre ville que les combats ont été les plus forts, au début. »

Se rendre utile

Zlata raconte, sans trop de détails, sans s’épancher. « Je suis partie le 27 février 2022 avec mes enfants. Nous avons traversé la Moldavie pour aller en Italie ». Mais elle ne parle pas italien. C’est un obstacle de taille pour trouver un emploi. Elle décide de repartir, direction la Suisse, et s’arrête d’abord à Lugano. « Mais mon fils m’a dit : Maman, on ne peut pas rester là ! Il faut qu’on aille dans une région francophone ! Tu as besoin de travailler. ». Son conjoint, lui, est resté en Ukraine. « J’ai de la chance ; mes parents ont pu me rejoindre. Mon mari est à Kiev, où il travaille pour Médecins du Monde. Mon frère, aussi médecin, a fait le même choix. C’est une bonne décision ; ils devaient le faire. » Son visage redevient grave, comme pour mieux se concentrer sur son récit.

Où qu’elle pose ses valises, Zlata cherche à se rendre utile. A Lugano, elle intègre une association de bénévoles qui rassemblent des vêtements pour les acheminer par camions en Ukraine. Dès son arrivée en Suisse romande, en mars 2022, elle se propose pour faire des traductions et intègre une équipe de bénévoles à l’EVAM. « Mon chef m’a montré l’annonce de la Croix-Rouge, qui cherchait des traducteurs médico-sanitaires. J’ai postulé immédiatement ! Je me réjouissais à l’idée de me rapprocher du monde de la santé. »

Car l’objectif de Zlata, c’est d’endosser à nouveau la blouse blanche. « J’ai besoin d’aider, c’est ce que je sais faire, et c’est ce que j’ai fait toute ma vie. » Elle sourit. « Je passe bientôt l’examen de français pour valider le niveau exigé (B2). Si je réussis, je pourrai faire enregistrer mon diplôme et, ensuite, postuler à des postes de médecin-assistante. » Après trois ans, elle devra passer un autre examen, fédéral, pour obtenir le droit de pratiquer en tant que médecin. Un pas en arrière, mais pas de quoi l’effrayer. « Être médecin, c’était mon rêve depuis toute petite. »

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