Inspection surprise au cœur d’un EMS avec l’équipe de contrôle du DSAS

Reportage dans les pas des inspecteurs de l’organe de contrôle des établissements sanitaires et sociaux dans un établissement de la région lausannoise.

Un matin d’avril, 7h45. Karine, Sybille, Elisabeth, Nadia, Léa et Martial discutent dans la cour d’un EMS de la région lausannoise. Ils travaillent au Contrôle interdisciplinaire des visites des établissements sanitaires et sociaux (CIVESS) du Département de la santé et de l’action sociale. Une inspection non annoncée va démarrer.

8H05

Après s’être présentés au directeur et aux infirmières cheffes de l’EMS, chaque membre de l’équipe se dirige vers le pavillon qui lui a été attribué. Le temps presse : l’équipe n’a qu’une journée pour faire des visites dans les chambres, interroger le personnel sur les pratiques en vigueur et discuter avec les résidents.

Dans le bâtiment imparti à Sybille, c’est l’heure de la toilette et de la distribution des petits-déjeuners et médicaments. Dans un salon, un chat est lové dans un fauteuil. Sur les murs des couloirs, des informations en gros caractères annoncent les activités du jour et de la semaine. « Il y a un effort pour les rendre faciles à lire », indique Sybille. Une porte entrouverte dévoile une douche, équipée d’un dispositif d’appel d’urgence en cas de besoin. Un autre point positif.

Sybille emboîte le pas à une aide-soignante pour une toilette. Elle se poste dans un coin, après s’être présentée à l’employée et à l’occupant de la chambre et après en avoir demandé l’autorisation. Elle examine la pièce et les gestes de l’aide-soignante, tout en prenant des notes.  « J’ai regardé si elle respectait les règles d’hygiène et aussi si elle entrait en contact visuel avec le résident, si elle lui proposait de choisir son vêtement, si elle protégeait son intimité au moment de la toilette… », explique-t-elle.

9h

Il est temps de visiter les autres étages. « Je prends toujours les escaliers pour vérifier les équipements de sécurité : par exemple ce piquet, au milieu des escaliers, sert à éviter les chutes en fauteuil roulant », explique Sybille. Au deuxième, un petit salon a aussi été aménagé et équipé de boutons d’appel : encore un point positif.

Un étage plus haut, deux auxiliaires de soins se dirigent vers la chambre d’une dame qui ne peut pas bouger et qui ne communique que par sons inarticulés. Il faut être deux pour la laver, l’enduire de crème hydratante et l’habiller. Quatre bras sont aussi nécessaires pour la placer sur une sorte de toile de hamac, puis la soulever de son lit au moyen d’une grue miniature, appelée cigogne et spécialement conçue à cet effet, pour enfin la déposer dans un grand fauteuil de repos. Les jeunes femmes parlent à la dame avec douceur, lui tiennent la main, et la préviennent du prochain mouvement, étape par étape. Après l’inspection, Sybille confie sa satisfaction : « C’était exemplaire ; en plus, elles connaissaient les techniques pour manipuler un résident de manière ergonomique et sécurisée. »

10h15

Martial rencontre l’adjointe de la responsable de l’animation. Elle lui présente les différents événements organisés par son équipe, répond à ses questions sur les possibilités d’accompagnement spirituel selon la philosophie ou la religion de son choix. Passionnée, la jeune femme raconte comment l’institution gère les doléances ou demandes d’amélioration ou encore organise des « conseils » de résidants dans chaque pavillon.

11h

Après ses visites dans les chambres, Elisabeth s’entretient avec un infirmier référent. Son objectif : vérifier comment les équipes se mettent en quête des directives anticipées des résidents et comment elles en tiennent compte. Elle l’interroge aussi sur l’organisation des soins dentaires, ophtalmologiques, palliatifs (etc.), ainsi que sur la manière dont on retrace les actes de soins dans le dossier de chaque pensionnaire.

14h

L’après-midi, Martial, Nadia et Elisabeth rencontrent encore des employés de l’institution pour vérifier si chaque intervention est correctement documentée dans le dossier des résidents. Karine, Sybille et Léa commencent à éplucher les planning des employés pour vérifier que la dotation en personnel est suffisante.

17H30

L’équipe se réunit au complet pour rédiger collectivement un rapport suivant une grille d’évaluation très précise.

19H50

Il est temps de clore la journée, par une restitution des résultats à la direction de l’établissement. Le rapport sera aussi remis au pôle « gériatrie » du DSAS, composé d’experts des domaine des soins, de l’accompagnement, des finances et de l’architecture, qui assurera un suivi en cas de besoin.

La journée du lendemain sera consacrée à la gestion administrative et au suivi des autres dossiers, tâches également essentielles. « Nous effectuons en moyenne deux inspections par semaine », précise Karine, la référente de l’inspection. Au total le CIVESS a réalisé 190 inspections dans les institutions sociosanitaires du canton de Vaud en 2023. Pas moins de 122 EMS représentent le plus grand des douzes domaines dans lesquels intervient le CIVESS.

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