InvestPro, un programme ambitieux pour lutter contre la pénurie de personnel de santé

Le Conseil d’Etat a élaboré une réponse globale aux défis posés par la pénurie du personnel de santé et de soin : le programme InvestPro. Il propose des mesures fortes en termes de formation et de conditions de travail, en réponse notamment à l’initiative fédérale "Pour des soins infirmiers forts", très largement acceptée en 2021. Le Conseil d’Etat soumettra au Grand Conseil une demande de 46.8 millions pour un financement total de 90 millions sur quatre ans.

L’évolution démographique, le vieillissement de la population et l’augmentation des maladies chroniques entraînent une hausse des besoins en personnel de santé. A l’horizon 2030, selon l’OBSAN, près de 2000 à 2500 infirmières et infirmiers ainsi qu’environ 450 assistants et assistantes en soins et santé communautaire (ASSC) devraient manquer dans les hôpitaux, les cliniques, les EMS, les soins à domicile et autres institutions.

La réponse du Conseil d’Etat à ces défis est le plan stratégique « InvestPro ». Sur proposition du Département de la santé et de l'action sociale et du Département de l’enseignement et de la formation professionnelle, et avec le concours des acteurs du terrain (directeurs d’école, employeurs, directeurs des soins, représentants des associations professionnelles), il se propose de mettre en œuvre ce programme via trois axes : promotion, formation et fidélisation.

La promotion et la formation

Il s’agit avant tout d’augmenter le nombre de personnes diplômées. Pour les soins infirmiers, cette mesure s’inscrit directement dans la mise en œuvre de l’offensive de formation prévue dans la première étape de l’initiative "Pour des soins infirmiers forts". Les infirmières et les infirmiers sont donc au cœur d’InvestPro – certains jeunes qui choisissent cette profession pourront ainsi recevoir jusqu’à 1200.- par mois pour terminer leurs études s’ils ont un besoin avéré de soutien financier, ou être aidés dans leurs études en cas de problèmes d’ordre académique. D’autres professions sont aussi concernées par la pénurie : il faut former davantage d’assistantes et assistants en soins et santé communautaire, d’aides en soins et accompagnement, d’assistantes et assistants socio-éducatifs, de sages-femmes, d’assistants et assistantes médicales, et d'autres professions médico-techniques et thérapeutiques.

La fidélisation des professionnelles et professionnels,

Former davantage de jeunes ne suffit pas : au niveau suisse, 42.5 % des infirmiers et infirmières quittent la profession avant l’âge de la retraite. Il s’agit donc de renforcer l’attractivité des professions de santé pour maintenir ces personnes en activité. Cette fidélisation passe notamment par la revalorisation salariale. Depuis 2019, l’Etat a contribué jusqu’à hauteur de 30 millions de francs par année (chiffre 2023) à la revalorisation des salaires versés dans le secteur sanitaire parapublic vaudois (CCT-San). Il souhaite augmenter progressivement ce financement, pour atteindre les 45 millions en 2027, et le pérenniser.

La pénibilité de ces professions, liée notamment au travail de nuit, mais aussi à l’irrégularité des horaires, explique par ailleurs en grande partie les départs prématurés. InvestPro prévoit une mesure d’encouragement (18 millions entre 2025 et 2027) pour compenser ces horaires par davantage d’heures de congés payés. De plus, une obligation d’annonce anticipée des plannings est prévue, qui permettra d’améliorer la conciliation entre vie professionnelle et vie privée – par exemple pour ce qui est de l’organisation de la garde d’enfants. 

Le plan stratégique InvestPro porte sur une période de huit ans pour correspondre au délai de mise en œuvre du nouvel article 117b de la Constitution fédérale, instauré à la suite de l’acceptation de l’initiative "Pour des soins infirmiers forts" le 28 novembre 2021 par le peuple suisse à 61% (VD 64.7%). Cet article demande aux Cantons de veiller à disposer d’un nombre d’infirmiers et d'infirmières suffisant.

Le programme InvestPro constitue également une réponse à des interventions parlementaires. Il s’agit du postulat Vuillemin "CHUV-EMS : relever le défi de la vieillesse passe aussi par l’égalité salariale des infirmières", du postulat Jaccoud : "Une nouvelle revalorisation salariale du secteur sanitaire parapublic, en particulier pour le secteur des soins" et de la motion Gross : "Pénurie de personnel infirmier en EMS/EPSM : une mesure incitative nécessaire".

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