
Sonya Butera, Médecin-dentiste conseil au DSAS « Une denture de lait saine contribue au développement de l’enfant »
Chaque mois dès mars 2025, le DSAS enverra une brosse à dents et des conseil préventifs aux familles d’enfants fêtant leur premier anniversaire, pour sensibiliser à l’importance de préserver la santé bucco-dentaire dès le plus jeune âge. Explications de Sonya Butera, Médecin-dentiste conseil au DSAS
Pourquoi est-ce important de faire de la prévention pour cette tranche d’âge en particulier ?
Après avoir mené une campagne auprès des adolescents, le DSAS souhaite attirer l’attention sur l’importance des dents de lait et souligner le rôle de l’entourage dans la santé bucco-dentaire des tout-petits.
Les premières dents de lait poussent généralement entre l’âge de 6 mois et une année. Elles permettent de diversifier l’alimentation et participent à l’exploration sensorimotrice du monde lorsque l’enfant découvre de nouveaux goûts ou porte des objets à sa bouche. Elles sont également utiles à l’apprentissage du langage, notamment en aidant au bon positionnement de la langue lors de certains sons, et au passage de la déglutition infantile à la déglutition adulte qui joue un rôle crucial dans la croissance des os de la mâchoire. Une denture de lait saine contribue donc au bon développement de l’enfant. Ainsi, il est important de prendre soin de ces premières dents dès leur apparition.
Les bébés bénéficient généralement d’un suivi pédiatrique régulier jusqu’à l’âge de 2 ans environ, ensuite les consultations s’espacent. Les dépistages dentaires organisés par les communes ne débutent qu’à l’entrée à l’école.
Les caries sont d’origine bactérienne et c’est au cours de la petite enfance qu’un enfant développe sa propre flore buccale au contact de son entourage. Ses parents et sa fratrie bien sûr, mais aussi ses grands-parents ou encore ses camarades de crèche ou de jeu. Autour du premier anniversaire, l’alimentation de l’enfant commence à être variée et inévitablement plus riche en sucres, parfois cachés, y compris dans des aliments perçus comme sains tels qu’une compote de pomme ou des biscuits faits maison. Il se trouve que les bactéries cariogènes adorent le sucre. Lors des premiers dépistages scolaires, on constate que certains enfants ont déjà des caries en raison d’habitudes acquises dans la petite enfance. Or, ces caries peuvent être évitées.
En tant que parent, ou proche, nous avons des réflexes qui ne sont pas toujours justes ?
Les biberons donnés au coucher pour « aider » l’enfant à s’endormir ou afin qu’il « fasse ses nuits » en sont un bon exemple, ou encore les petits plaisirs sucrés trop fréquents. Un biberon d’eau après un biberon de lait ou après une douceur permet de diminuer la quantité de sucres présente à la surface des dents. Plus tôt on introduit le brossage, plus l’enfant l’adoptera facilement. Tout peut débuter par un jeu. Lorsqu’on laisse un enfant saisir une brosse à dent, il finira par la porter à la bouche pour la mâchouiller. Le site de la campagne cantonale « c’est sa bouche, j’en prends soin » donne plusieurs pistes et conseils, notamment dans deux podcasts.
Si un enfant a déjà des caries, est-ce encore possible de « rattraper » la situation ?
Lorsque les dents de lait sont cariées, il y a plus de risques que les premières dents définitives se carient à leur tour. Fort heureusement, les caries se soignent et les mauvaises habitudes peuvent être changées. Les études scientifiques montrent qu’une bouche en bonne santé pendant l’enfance a une influence positive sur l’état bucco-dentaire à l’âge adulte. Mais ce qu’il est important de savoir, c’est que notre propre hygiène dentaire influence celle de nos enfants.
Peut-on aussi s’informer auprès de son propre médecin-dentiste ?
Pédiatre, infirmier de la petite enfance, médecin-dentiste ou hygiéniste dentaire, tous ces professionnels sont des personnes-ressources en ce qui concerne la santé dentaire des tout-petits.
Comment se fait-il que les parents ne soient pas suffisamment informés à ce sujet ?
Pour qu’un message préventif soit efficace, il est important de le répéter. Ce n’est pas parce qu’une génération a bénéficié d’actions préventives qu’elle transmettra automatiquement à la suivante toutes les bonnes pratiques. De plus, lorsqu’on est parent, il y a tant à faire, et surtout quand les enfants sont très petits, la tentation est grande d’abandonner les gestes qui ne nous semblent pas essentiels.