Pourquoi conseillez-vous de se rendre d’abord dans une pharmacie avant d’aller aux urgences ?
S’il ne s’agit pas d’une urgence vitale, en cas de symptômes bénins, je recommande de prendre rendez-vous chez son médecin traitant ou d’aller dans une pharmacie. On évite ainsi d’engorger les urgences et on évite aussi de patienter un certain temps dans une salle d’attente.
La consultation pharmaceutique pour les urgences non-vitales fait partie de la formation des pharmaciennes et pharmaciens. Faire une première évaluation rapide de l’état de santé des patients et pouvoir les orienter vers le médecin traitant ou les urgences si nécessaire fait partie des compétences du métier de pharmacien. Je précise qu’en cas d’urgence vitale, il faut bien sûr appeler le 144.
Cela permet-il vraiment de désengorger les urgences ?
Cela y contribue, en effet. Les services d’urgences ne sont pas prévus pour prendre en charge des symptômes bénins. De plus, ils fonctionnent avec un plateau technique et du personnel spécialisé qui coûtent très cher. Il y a plusieurs avantages à s’adresser à la pharmacie : il n’y a pas besoin de prendre rendez-vous ; il n’y a pas d’attente, on accède facilement à une prise en charge et de qualité et sûre, et enfin, on agit pour réduire les coûts de la santé.
Quel type d’urgences non vitales peuvent être réglées en pharmacie ?
Elles sont assez nombreuses en réalité. Quand on se blesse, le personnel de la pharmacie peut évaluer s’il faut des points de suture ou si un pansement spécial pour les plaies suffit. Mais on peut aussi citer : des difficultés respiratoires, des crises d’asthme, d’allergie, un état grippal ou des maux de gorge, la toux, la fièvre, une otite ou encore le besoin de recourir à la pilule du lendemain… Ainsi que de petites blessures, des brûlures ou des douleurs.
S’agit-il vraiment d’une consultation ?
Il s’agit d’une consultation avec un conseil approfondi sur un problème de santé ; c’est le pharmacien qui l’effectue, dans un espace conseil à l’écart qui garantit la confidentialité.
Est-ce que c’est payant ?
La consultation pharmaceutique coûte entre 30 et 40 francs selon la pharmacie, mais elle n’est pas remboursée par l’assurance. Il existe quand même certains modèles qui prennent cette prestation en charge ; cela vaut la peine de se renseigner auprès de son assurance.
Cela reste moins cher qu’une visite médicale et beaucoup moins cher qu’une consultation aux urgences. C’est intéressant pour les personnes qui n’ont pas de médecin traitant ou qui ont une franchise élevée. À noter que les médicaments remis dans le cadre de cette prestation ne sont pas non plus remboursés.
Tout le personnel de la pharmacie est formé à cela ?
Les pharmaciens sont formés pour réaliser cette prestation. Dès le mois d’octobre 2025, les assistants et les assistantes en pharmacies pourront également suivre une formation dédiée à leur rôle au comptoir. Cette formation est financée via un partenariat public-privé entre le Canton et la Société vaudoise de pharmacie.

Assumer ces consultations, n’est-ce pas une charge de trop, pour les pharmacies ?
Au contraire, c’est une évolution naturelle de notre rôle dans le système de santé.
Les pharmaciens sont formés pour évaluer les situations cliniques simples et sécuriser la prise en charge.
Cette mission s’inscrit dans la continuité de ce que nous faisons déjà au quotidien au comptoir.
Bien sûr, cela demande du temps et de l’organisation au sein de l’équipe. Mais cela valorise aussi nos compétences professionnelles et notre proximité avec la population.
C’est une chance de renforcer la confiance des patients envers leur pharmacien. Et cela contribue directement à la fluidité du système en évitant des passages inutiles aux urgences.
Il s’agit donc moins d’une charge que d’une responsabilité assumée et reconnue.
Est-ce que toutes les pharmacies du Canton offrent cette consultation ?
La grande majorité des pharmacies vaudoises disposent déjà d’un espace confidentiel pour ces prestations.
Ce développement s’est accéléré ces dernières années avec le soutien du Canton et de la SVPh.
Toutes les officines n’en sont pas encore au même stade, mais la couverture est déjà très large.
Le but est d’assurer une accessibilité homogène sur l’ensemble du territoire vaudois. Ainsi, quel que soit le lieu d’habitation, un patient doit pouvoir trouver une pharmacie compétente.
C’est un maillage de proximité qui vient compléter l’offre médicale existante. À terme, on peut imaginer que cette consultation devienne un standard de la pratique officinale.
Le patient saura alors qu’il peut s’adresser en toute confiance à n’importe quelle pharmacie.
Et si le pharmacien ne sait pas de quoi il s’agit ?
C’est une question essentielle qui touche à la sécurité des patients. La force de notre formation réside justement dans la capacité à reconnaître nos limites. Nous savons identifier les signaux d’alerte qui nécessitent une prise en charge médicale urgente. Dans le doute, le patient est immédiatement orienté vers son médecin ou vers les urgences.
Il n’y a jamais de risque de « faux diagnostic » laissé sans suivi.
Cette compétence d’orientation est au cœur de notre métier et de notre responsabilité. Elle rassure le patient et garantit une prise en charge sécurisée.
En somme, le pharmacien ne remplace pas le médecin, il complète le dispositif de soins.