Accueillir des migrants, c’est aussi les soigner

Un grand nombre d’Ukrainiens sont accueillis par un réseau amical ou familial, et donc « invisibles » pour les structures d’accueil vaudoises. Un défi, notamment pour DSAS.

Chassées par la guerre, plusieurs milliers d’Ukrainiens sont arrivées en Suisse depuis février 2022, se dispersant en Suisse, et dans le canton de Vaud. Rôdé pour faire face aux crises migratoires, le système vaudois, et en particulier l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM), est malgré tout mis sous pression par cet afflux soudain.

Face à la complexité de la situation, le Conseil d’Etat a mandaté plusieurs entités pour gérer de concert cette vague migratoire : le DSAS, Unisanté, le CHUV, l’EVAM, le Service de la population SPOP (DEIS).

L’EVAM a en effet dû trouver, dans des délais records, de nouveaux locaux d’hébergement. Le DSAS, quant à lui, est intervenu sur plusieurs plans. Le département a coordonné la prise en charge médicale des expatriés ukrainiens, dont les premières consultations ont été réalisées par le REseau de SAnté et MIgration (RESAMI) d’Unisanté, spécialisé dans ce domaine. Le DSAS a également sollicité le réseau médico-social pour épauler l’EVAM, a œuvré pour dénicher des lieux d’accueil supplémentaires et accélérer la recherche de logements pour les réfugiés au bénéfice du statut de protection S.

Arrivée « incognito »

La particularité de l’immigration ukrainienne est son intégration à l’espace Schengen, qui permet la libre circulation des voyageurs. De nombreuses personnes, arrivées par leurs propres moyens, logées dans un réseau amical ou familial, n’ont en effet pas ressenti le besoin de s’annoncer auprès de l’EVAM.

Or, des maladies devenues rares en Suisse, comme la tuberculose, circulent encore en Ukraine, dont la population est encore peu vaccinée. Afin de protéger leur santé et pour préserver la santé de la population vaudoise, il faut donc trouver et informer ces nouveaux arrivants de la nécessité de faire un bilan de santé, effectué par l’Unité Soins au Migrants (USMI) rattachée au Département des vulnérabilités et médecine sociale d’Unisanté. Cette première consultation permet en effet de déterminer si des examens de dépistage ou des mises à jour de vaccination sont nécessaires, voire, un suivi médical aux plus vulnérables. Depuis fin mars, plus de 460 personnes ont bénéficié de cette prestation.

S’adaptant à ce contexte, l’Etat de Vaud a ainsi doté son site internet de pages en ukrainien, a communiqué dans les deux langues via les réseaux sociaux, et immédiatement activé une hotline (058 715 11 07), rapidement dotée de répondants parlant l’ukrainien.

De nombreux enfants

Ce n’est pas tout. Près de la moitié des migrants ukrainiens sont des femmes, et, surtout, des enfants. Il faut donc aider ces familles à obtenir rapidement une consultation pédiatrique. Un objectif qui repose aussi sur une étroite collaboration entre de multiples acteurs : Office du médecin cantonal, pédiatrie du CHUV, EVAM, réseaux de santé, institutions psycho-sociales, directions d’établissements scolaires, ONG…

Protection contre la traite des êtres humains

Sans surprise, la situation de grande détresse des réfugiés ukrainiens les expose potentiellement au risque d’exploitation. Le DSAS a donc également renforcé ses actions d’information sur la traite et l’exploitation des êtres humains, et sensibilisé ses partenaires en contact avec les migrants.

Santé mentale

Sans oublier la santé mentale, composante importante de l’exil : les réfugiés souffrent souvent de deuils, de chocs et de stress post-traumatiques. Le DSAS a donc activé son dispositif cantonal de « coordination santé mentale » dédié aux migrants, créé en 2019 sous l’égide du Département de psychiatrie du CHUV. Celui-ci comprend notamment la possibilité d’intégrer des groupes de parole et l’orientation d'une aide psychique d’urgence.

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