En cause, une réalité désormais bien documentée : près de la moitié des professionnels quittent la profession avant la retraite, et un tiers avant même leurs 35 ans. En parallèle, la population vieillit vite — les plus de 80 ans devraient doubler d’ici 2050. À cela s’ajoute une autre donnée, simple, mais déterminante : nous ne formons tout simplement pas assez de soignantes et de soignants, d’où l’urgence absolue de retenir celles et ceux qui sont déjà en en activité.
Face à cette situation, le Conseil d’État déploie InvestPro, un programme 2025–2027 qui agit à la fois sur le pouvoir d’achat et sur les conditions de travail.
Parmi les mesures phares : le soutien financier de 800 francs par mois destiné aux étudiants en soins infirmiers qui en ont réellement besoin. Cette aide ciblée porte ses fruits : 543 bénéficiaires ce semestre, contre 392 au printemps.
Autre évolution majeure : les primes de nuit et l’augmentation de la compensation en temps — désormais jusqu’à cinq jours de congé supplémentaires par an pour un poste à plein temps. Ces éléments, nouveaux, représentent un investissement de 14 millions de francs.
Mais l’argent ne résout pas tout. Le Canton mise aussi sur l’accompagnement humain, conscient que les premières années dans la profession sont souvent les plus rudes. Le mentorat proposé aux jeunes diplômés poursuit un objectif simple : éviter les abandons précoces, pendant cette période sensible où la vocation se heurte parfois à l’épuisement. Enfin, les programmes d’insertion, comme ProLog-Emploi, prouvent leur efficacité : 60 % de placements stables depuis 15 ans.
Au fond, ce qui se joue ici n’est pas seulement budgétaire. Les attentes professionnelles ont changé : les nouvelles générations réclament du sens, de la flexibilité, un équilibre de vie. Adapter l’organisation du travail n’est plus un bonus, c’est une condition pour attirer et fidéliser les talents.
Le Canton de Vaud inscrit son action dans le temps long : un deuxième train de mesures est prévu pour 2028, dans le cadre d’un programme qui s’étend jusqu’en 2032. Car il n’existe pas de solution miracle — seulement une stratégie cohérente, continue et ambitieuse, à la hauteur de celles et ceux qui consacrent leur vie à prendre soin des autres.





