Le Canton de Vaud renforce son action face à la pénurie de personnel

Le Canton de Vaud, tout comme la Suisse, fait face à une pénurie de main-d’œuvre qui touche de nombreux secteurs, et en particulier le domaine de la santé. Pour garantir à long terme une offre de soins de qualité, le Conseil d’État déploie un vaste plan d’action 2025–2027 afin d’attirer, former et fidéliser notamment les professionnels indispensables au fonctionnement des hôpitaux, des EMS ou encore des soins à domicile.

Le constat est préoccupant : selon l'Observatoire suisse de la santé, il manquera dans le canton près de 2 000 à 2 500 infirmières et infirmiers d'ici 2030. La relève ne suffira pas à compenser les départs, d'autant que 42,5 % des professionnels quittent la profession avant la retraite – et près d'un tiers avant 35 ans.

Avec une population vaudoise en forte croissance et un doublement du nombre de personnes de plus de 80 ans attendu d'ici 2050, les besoins en personnel qualifié ne feront qu'augmenter. Pour faire face à cette pénurie, le Canton veut agir sur tous les fronts : attirer, former et fidéliser. « L’enjeu est prioritaire aux yeux du Conseil d’Etat puisqu'il s’agit de pouvoir continuer à assurer à l’ensemble de la population des soins de qualité », souligne Rebecca Ruiz, cheffe du Département de la santé et de l’action sociale.

Un défi culturel et générationnel

Le défi est aussi culturel. Les nouvelles générations recherchent un travail qui a du sens, souhaitent protéger leur vie privée et privilégient l'équilibre personnel. Beaucoup désirent travailler à temps partiel et sont sensibles à la qualité des relations au sein des équipes. « Recruter, mais surtout garder ces professionnels, demande donc d'adapter l'organisation du travail » relève Teresa Gyuriga Perez, infirmière cantonale.

Des mesures financières concrètes

Pour répondre à ces défis, le Conseil d'État a lancé le programme InvestPro, pour lutter contre la pénurie de personnel, soutenir la relève et renforcer l'attractivité des professions de soins et de santé. Parmi les premières actions au programme figure un nouveau soutien financier disponible depuis mars 2025 : les étudiantes et étudiants en formation infirmière peuvent toucher 800 francs par mois après examen de leur situation. Au semestre de printemps, 392 étudiants en ont bénéficié ; ils sont déjà 543 ce semestre.

De nouvelles mesures vont s’ajouter. En 2025 encore, une prime sera versée aux personnels de santé qui travaillent de nuit, proportionnellement au taux d’emploi, à hauteur de 4.5 mios. De plus, dès janvier 2026, la compensation en temps pour le travail nocturne sera augmentée : elle passera par exemple de 20 à 25% pour les personnes qui travaillent à plein temps et effectuent 7 nuits par mois auront droit à 4 à 5 jours de congé supplémentaire par an. « L'État consacrera 9,5 millions à cette amélioration, qui concerne notamment le CHUV, Unisanté et les institutions qui appliquent la CCT-SAN », indique Gianni Saitta, directeur général de la santé.

Accompagner les jeunes diplômés

Le Canton souhaite également mieux accompagner les débuts dans la profession, période délicate où beaucoup de jeunes diplômés renoncent. Des projets pilotes seront lancés en 2026, notamment via des dispositifs de mentorat.

Ces efforts s'inscrivent dans une stratégie de long terme : un deuxième train de mesures est prévu pour 2028, dans le cadre d'InvestPro qui court jusqu'en 2032. Une campagne d'information est également prévue pour promouvoir les professions de la santé auprès des jeunes.

Des programmes d'insertion efficaces

Plusieurs programmes contribuent aussi à lutter contre la pénurie. ProLog-Emploi, actif depuis 15 ans, a permis à plus de 1 300 personnes au bénéfice du revenu d’insertion de retrouver le chemin du travail dans des établissements socio-sanitaires ; 60 % d'entre elles ont obtenu un emploi stable. La formation Certificat d'employé administratif et d'accueil en milieu hospitalier (CEAA), développée avec le CHUV, offre une qualification pour l'accueil et l'administration hospitalière : 62 personnes sur 70 ont réussi depuis son lancement, soit 88 % de réussite.

Enfin, un projet pilote mené avec le CHUV permet à des réfugiés de se former aux soins de base tout en suivant des cours de français. Sur les 10 participants de la première volée en 2025, trois ont déjà signé un contrat d'apprentissage.

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