Mission Antibiotix : un jeu sérieux pour lutter contre l'antibiorésistance
Le Canton de Vaud et le CHUV ont relancé la campagne Mission Antibiotix pour sensibiliser les médecins à l'usage raisonné des antibiotiques. Cette troisième édition met l'accent sur la durée optimale des antibiothérapies à travers un jeu virtuel proposant 20 nouvelles vignettes cliniques. Interview du Dr Emmanouil Glampedakis, médecin coordinateur pour HPCI Vaud à la Direction générale de la santé.
Dr Glampedakis, pouvez-vous nous expliquer simplement ce qu'est l'antibiorésistance ?
Les antibiotiques sont des médicaments précieux qui tuent les bactéries responsables de nos infections. Mais ces bactéries développent des stratégies de survie : elles apprennent à résister aux traitements. Concrètement, cela signifie que des infections qui se soignaient facilement deviennent plus difficiles à traiter, et parfois les antibiotiques habituels ne fonctionnent plus. C’est ça l’antibiorésistance.
Comment les bactéries développent-elles ces résistances ?
Les bactéries sont des êtres vivants dotés d'une grande faculté d'adaptation. Elles ont trois principales stratégies : le blocage, en fabriquant des substances qui détruisent l'antibiotique ; la modification de leur surface pour empêcher le médicament d'entrer ; et l'expulsion de l'antibiotique qui aurait réussi à pénétrer. Ces stratégies apparaissent surtout quand les bactéries sont trop souvent exposées aux antibiotiques.
La durée du traitement joue-t-elle un rôle ?
Absolument. C'est d'ailleurs le thème de notre campagne 2025. Si le traitement est trop court, certains microbes survivent et apprennent à résister. Trop long, on expose inutilement les bactéries à l'antibiotique, ce qui leur donne plus d'occasions de devenir résistantes. Une durée optimale permet de guérir efficacement tout en limitant les résistances.
Quels sont les risques concrets pour la santé ?
L'antibiorésistance rend les infections plus difficiles à traiter. On doit recourir à des traitements plus forts, plus coûteux et avec davantage d'effets secondaires, car les traitements de première ligne ne sont plus efficaces.
L'antibiorésistance touche-t-elle aussi l'environnement ?
Oui, c'est un enjeu global. Lorsque les animaux d'élevage reçoivent trop d'antibiotiques, des bactéries résistantes peuvent se retrouver dans la viande, le lait ou les œufs. Elles peuvent aussi contaminer l'eau, le sol et les plantes via les déjections animales ou les eaux usées. Cette circulation constante entre humains, animaux et environnement explique pourquoi on parle d'approche « One Health » : ces trois santés sont indissociables.
En quoi Mission Antibiotix est-il un outil efficace ?
Les médecins ont des journées très chargées. Mission Antibiotix répond à ce défi en proposant des vignettes cliniques courtes, réalistes et faciles à intégrer dans leur pratique quotidienne. Le jeu sensibilise les médecins et améliore leurs décisions de prescription, là où la résistance entraîne les conséquences les plus immédiates : la santé humaine.
Comment faire pour y jouer ?
L'escape game est accessible en équipe ou en individuel via les plateformes d'e-learning des établissements ou librement sur www.missionantibiotix.ch depuis le 18 novembre 2025. Plus d'infos sur www.vd.ch/antibioresistance.
