
Roseline Leyvraz, retraitée : « L’accompagnement spirituel m’offre une autre voie d’écoute et d’acceptation »
Dans le cadre de sa politique Vieillir 2030, le Département de la santé et de l’action sociale soutient une quarantaine de projets pilotes. Roselyne Leyvraz bénéficie de l’accompagnement spirituel et existentiel à domicile, qui est l’un de ces projets, mené conjointement par l’Institut des sciences sociales des religions de l’Université de Lausanne, la Haute Ecole de Santé Vaud (HESAV) et le Conseil œcuménique d’aumônerie en établissement médico-social (CADEMS).
Des yeux bleus très clairs, des cheveux flamboyants et un pull éclatant : Roseline Leyvraz irradie d’énergie. Agée de 76 ans, elle fait partie des personnes qui ont souhaité participer au projet « Accompagnement spirituel et existentiel des seniors à domicile » (ASEPA), l’un des quelque 40 projets pilotes soutenus par le Département de la santé et de l’action sociale dans le cadre de sa politique Vieillir 2030. Ce projet est déployé en partenariat avec les CMS de Cully et de Renens, ainsi qu’avec l’organisation de soins à domicile « Les soins volants ».
Les CMS interviennent pour identifier les personnes qui pourraient bénéficier de cet accompagnement, puis une référente spirituelle du projet ASEPA rend une première visite à la candidate ou au candidat, pour évaluer le type d’accompagnement adapté. « Nous évaluons avec la personne ses besoins, ses ressources et ses attentes. En fonction de ses souhaits, nous pouvons l’aider à faire son chemin dans ce qu’elle vit. Mais nous pouvons aussi l’orienter vers des partenaires du réseau. Cela peut aussi bien être la Croix-Rouge que Pro Senectute ou d’autres organismes », indique Laurence Pesenti, aumônière du CADEMS et référente à l’accompagnement existentiel et spirituel ASEPA.
Perte de liberté
Roseline Leyvraz a emménagé en septembre 2024 dans le petit studio qu’elle loue à la Fondation de l’Hôpital de Lavaux, à Cully. « J’ai dû quitter ma petite maison dans les vignes à Corseaux », confie-t-elle. Les séquelles d’un récent AVC ont fortement diminué sa capacité à se mouvoir. La transition n’est pas facile à vivre. D’un caractère très indépendant et énergique, elle avoue être très affectée par sa situation, qui restreint sa liberté de déplacements.
Depuis qu’elle s’est annoncée, Roseline Leyvraz reçoit la visite, tous les mois, de Laurence Pesenti. « J’ai pu lui parler de ma vie, et nous échangeons sur les façons d’intégrer la spiritualité dans mon quotidien. Mais surtout, je dois m’adapter à cette nouvelle situation. Laurence Pesenti m’offre son écoute, et m’aide à trouver une voie d’acceptation par rapport à cette dépendance à autrui », explique-t-elle.
Les difficultés évoquées par Roseline Leyvraz reflètent bien les enjeux identifiés par l’équipe du projet. Selon une étude exploratoire, menée par Pierre-Yves Brandt, professeur de psychologie des religions, et co-responsable du projet, 25% des seniors suivis par des établissements de soins à domicile souhaiteraient un accompagnement de ce type. « Au regard des plus de mille clients 65+ des trois organismes de soins à domicile partenaires du projet, on peut s’attendre à ce que 250 d’entre eux soient concernés par le projet, indique-t-il. À mi-parcours, nous avons une bonne soixantaine de personnes qui se sont inscrites et nous donnent des retours très positifs. »
Également co-responsable du projet, Rachel Démolis, socio-anthropologue la santé à l’HESAV, a suivi des assistantes en soins communautaires et des infirmières du CMS infirmières sur le terrain. « Il y a un grand nombre de personnes qui expriment de la détresse existentielle. Mais elles n’ont pas besoin d’un cadre médical, ni d’une hospitalisation ou d’une médication. Dans ces cas, un suivi par des référents et des référentes spirituelles est moins coûteux pour le système de santé et plus adapté. »
Parmi les différentes préoccupations analysées par l’équipe du projet, l’une d’entre elles a particulièrement surpris Pierre-Yves Brandt et Rachel Démolis. « Certaines personnes ont besoin de parler de violences conjugales, parfois en lien avec la démence de l’un des conjoints », indique Pierre-Yves Brandt. Car les retours du terrain ont permis de mettre en évidence des profils de besoins. « Une personne peut par exemple exprimer le besoin de reprendre des activités qu’elle aimait et qui générait du sens dans sa vie ; mais elle peut aussi demander à se rendre sur la tombe d’un défunt ou se questionner sur la mort, indique l’anthropologue. Elle peut avoir des besoins religieux, ou simplement rechercher un soutien à la suite d’un changement de vie, ou pour renouer avec sa famille. »
Plus d’informations sur Vieillir2030 : www.vd.ch/vieillir-2030