
Stéphane Morandi, médecin cantonal adjoint : « En cas de placement à des fins d’assistance, l’accès à l’information est essentiel »
Le Département de la santé et de l’action sociale édite une brochure sur le placement à des fins d’assistance. Destinée aux patients, à leurs proches et aux professionnels, elle rappelle notamment les droits des patients dans cette circonstance particulière. Interview du Dr Stéphane Morandi, médecin cantonal adjoint.
Qu’est-ce qu’un placement à des fins d’assistance ?
Le placement à des fins d’assistance (PLAFA) consiste à demander le placement, dans une institution appropriée, contre le gré d’une personne qui présente un trouble psychique, une grave incapacité à prendre soin de soi ou une déficience mentale. C’est nécessaire quand l'assistance ou les soins ne peuvent pas lui être fournis d'une autre manière. Dans le canton de Vaud, c’est la Justice de paix qui peut prendre cette décision, et certains médecins autorisés par le DSAS.
Dans quel contexte cette mesure doit-elle être appliquée ?
La majorité des décisions de PLAFA (90%) sont prises par des médecins, en général pour des personnes qui vont mal en raison de troubles psychiques. Les mesures doivent donc être prises en urgence, dans une situation de crise. Les mesures mises en place par la Justice de Paix concernent majoritairement des situations plus chroniques.
Qui peut être concerné par un PLAFA ?
Les situations les plus fréquentes concernent des personnes qui présentent un épisode aigu dans le cadre d'une schizophrénie ou d'un trouble maniaque. La mesure se justifie lorsque le trouble en question altère la capacité de discernement de la personne, que cette dernière représente un danger pour elle-même ou pour les autres et qu'il n'existe pas d'alternative au placement. L’objectif est d'offrir un cadre sécurisant dans lequel les soins nécessaires pourront être prodigués.
Pourquoi publier cette brochure ?
Au sein de l’Office du médecin cantonal, nous avons fait plusieurs études ces dernières années sur les PLAFA. Nous avons récolté les retours d’expérience de patients et de professionnels, et aussi échangé avec les associations de patients.
Ce qui en ressort, c’est que quand on demande aux patients qui ont été hospitalisés ce qui leur a donné le sentiment d’être contraints, le manque d’information est un point qui revient très souvent. Ils indiquent qu’au moment de la crise, lors de la rencontre avec les professionnels qui doivent décider d'un PLAFA, il est parfois difficile de saisir ce qui se passe, que ça va très vite et qu’ils ne savent pas ce qu'il va advenir d'eux. Ainsi, même lorsqu’on n’est pas capable de décider ou qu’on est très agité, il est important qu’on nous explique les mesures mises en place. Cela permet souvent de se rassurer. Dans cette situation, les personnes ne savent pas toujours quels sont leurs droits.
Cette brochure rappelle justement quels sont ces droits. Par exemple, celui d’avoir un plan de traitement ; de faire appel à une personne de confiance ; de s’opposer à la mesure ; d’obtenir du matériel pour faire recours… Mais aussi, en cas de risque de rechute, le droit d’avoir un entretien de sortie pour définir ce qui doit être mis en place pour éviter de se retrouver à l’hôpital. Cette publication ne répond pas à toutes les questions, mais elle réunit les informations essentielles.
Cette mesure fait peur ; mais est-elle parfois bien vécue ?
Dans le cadre de nos échanges avec des personnes concernées et à travers nos recherches, certains patients ont expliqué qu’ils subissaient déjà une forme de contrainte interne, liée à leur maladie. Par exemple en nous disant à propos de leur phase maniaque qu’ils ne pouvaient pas s’empêcher d’agir et étaient amenés à faire des choses qu'ils n'auraient jamais faites en dehors de cet épisode aigu. Certains regrettaient parfois qu’on n’ait pas pu les arrêter plus tôt dans leur élan, et indiquaient qu’ils étaient rassurés d’avoir été pris en charge par un établissement qui a pris soin d’eux. Ces échanges et recherches ont montré que la manière dont est exécuté un placement à des fins d’assistance fait toute la différence. L’accès aux informations est essentiel.